braniya chiricahua




L'ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour. Dans ce clair-obscur surgissent des monstres.
Antonio Gramsci

mardi 17 février 2015

700 ARTISTES BRITANNIQUES CONTRE L'ETAT SIONISTE

A quand un engagement similaire des artistes français ?
Les cinéastes Ken Loach, Mike Leigh et le romancier Hari Kunzru





"Comme plus de 600 autres artistes, nous annonçons aujourd'hui que nous ne nous engagerons plus dans des relations culturelles avec Israël comme nous avions l'habitude de le faire."
Dans une lettre publiée par The Guardian ce vendredi, une centaine d'artistes a annoncé couper les liens avec Israël et ses ressortissants, rejoignant ainsi 600 autres figures du monde culturel. Les artistes signataires de la pétition Artists for Palestine UK ont annoncé qu'ils refuseraient dorénavant toute invitation professionnelle de la part d'Israël, de ses ressortissants et de n'importe quelle institution liée au gouvernement.
Les artistes accusent Israël de mener une guerre sans relâche contre le peuple de Gaza depuis cet été. "Les Palestiniens n'ont connu aucun répit de la part d'Israël qui attaque perpétuellement leur territoire, leurs moyens de subsistance et leur reconnaissance en tant qu'État."
Les artistes reprochent également à Israël de mener une guerre sur le sol culturel palestinien."L'armée[israélienne] vise les institutions culturelles palestiniennes et empêche la libre circulation des travailleurs culturels". Selon eux, les théâtres palestiniens subissent le colonialisme d'Israël qui tente d'imposer sa marque par les compagnies théâtrales et les diplomates culturels.

C'est pourquoi les artistes ont décidé "de ne pas jouer de musique, de ne pas accepter des récompenses, ne pas assister à des expositions, des festivals, des conférences, des master class ou des ateliers à Tel Aviv, Netanya, Ashkelon ou Ariel (des villes israéliennes) jusqu'à ce qu'Israël respecte le droit international et mette un terme à sa politique colonialiste qui opprime les Palestiniens".

La centaine d'artistes, dont le romancier et essayiste Hari Kunzru, l'ex-chanteur de The Verve Richard Ashcroft, les cinéastes Ken Loach et Mike Leigh, rejoignent ainsi 600 autres qui ont signé la pétition appelant au boycott culturel d'Israël.

http://www.lefigaro.fr/culture/2015/02/16/03004-20150216ARTFIG00343-une-centaine-d-artistes-britanniques-appelle-au-boycott-culturel-d-israel.php#xtor=AL-201

vendredi 13 février 2015

UN GRAND MOMENT DE RADIO

Radio France Internationale a convié, à l'occasion de la sortie du tome I de ses mémoires ("Quand une nation s'éveille", éditions Inas), Sadek Hadjerès à un entretien mené par Yasmine Chouaki. C'est ici http://www.rfi.fr/emission/20150208-sadek-hadjeres/


Sadek Hadjerès

Docteur en médecine, chercheur en sciences médicales, sa carrière de brillant professeur en faculté de médecine semblait toute tracée. La vie en décidera autrement. Fils et petit-fils d'instituteurs -ce qui, en ces années 20 du XX° siècle était exceptionnel pour un Algérien-, Sadek Hadjerès va mener un cursus scolaire sans faute qui le mènera au doctorat de médecine à l'université d'Alger. Mais le chemin de l'élève studieux aura croisé auparavant la politique sous les espèces du scoutisme puis du militantisme étudiant. C'était inévitable. En ces années marquées par la réforme morale et politique engagée par le cheikh Benbadis, l'idée nationale prenait forme à une vitesse que l'on n'aurait pas imaginée : le code de l'indigénat à peine levé (1936), un bouillonnement politique prodigieux sortait l'Algérie de la sidération dans laquelle l'avaient plongée les horreurs de la conquête coloniale.

Le jeune Sadek s'engage dans le PPA (parti du peuple algérien) dont il sera le président de sa section universitaire. L'étudiant aura tôt fait de découvrir l'étroitesse idéologique de ce parti : la parution d'une brochure intitulée "L'Algérie libre vivra" provoquera ce qu'il est convenu d'appeler improprement "la crise berbériste" (1949). Sadek a été l'un des trois rédacteurs de ce document. Il quitte alors le PPA. Président de l'AEMAN (association des étudiants musulmans d'Afrique du nord). Il rejoint le PCA (parti communiste algérien) dont il deviendra très vite l'un des dirigeants les plus importants en même temps qu'un élu (conseiller général dans la circonscription d'El-Harrach - Maison-Carrée).


La guerre d'indépendance éclate. Le PCA est interdit quelques mois après (septembre 1955). Sadek plonge dans une clandestinité dont il ne sortira qu'en juillet 1962, à l'indépendance. En 1956, il aura rencontré à deux reprises 'Abane Ramdane et Benkhedda, deux des cinq responsables du CCE (comité de coordination et d'exécution, l'organe suprême du FLN), afin de régler la destination des armes détournées par le militant du PCA, Henri Maillot, et le sort des CDL (combattants de la libération, structure de guerre du PCA) -qui seront versés dans le FLN. Durant toute la durée de la guerre, Sadek ne quittera pas l'Algérie. Condamné aux travaux forcés par contumace, il échappera constamment à l'armée et à la police colonialistes.


À l'indépendance, le PCA est immédiatement interdit par le FLN qui le somme de le rejoindre. S'ensuit alors une période de confusion durant laquelle le PCA aura un pied dans le FLN et un pied dehors, les dirigeants communistes ne voulant pas lâcher la proie pour l'ombre mais sont également désireux de ne pas gêner un FLN qui s'engageait, avec la Charte d'Alger, dans l'édification socialiste. Le coup d'état du colonel Boukharrouba (alias Boumédiène) allait clarifier les choses. Après une courte période d'opposition frontale au nouveau pouvoir (dans une structure dite ORP- organisation de la résistance populaire), les dirigeants communistes revinrent à l'essentiel, la refondation du PCA. Ce qui fut fait avec la création du PAGS -parti de l'avant-garde socialiste-(janvier 1966).



Yasmine Chouaki
Depuis le coup d'état du 19 juin 1965, Sadek avait replongé dans la clandestinité. Il en sortira en 1989, à la faveur de la fin du régime du parti unique. Mais le multipartisme décrété par le pouvoir allait se révéler comme un jeu mortellement piégé. Les deux seules forces réelles d'opposition étant le PAGS et le FIS -front islamique du salut-, le pouvoir fit tout pour les lancer l'une contre l'autre, escomptant se débarrasser d'elles à moindres frais. La direction du PAGS, infiltrée jusqu'au sommet par les services secrets, ne voulut pas suivre la ligne de la modération et d'intelligence de la situation prônée par son Premier secrétaire, Sadek ; elle suivit la ligne éradicatrice des milieux de la hiérarchie de l'armée et des services de sécurité. Le résultat final en fut bien la disparition des deux partis.


Certainement la mort dans l'âme, pressentant ce qui allait advenir, Sadek s'était mis en congé du parti en 1991. Il prit peu après le chemin de l'exil. Juste décision.


Marié à Aliki Papadomichelaki, dont la vie de militante communiste grecque (et cadre de Syriza) est aussi incroyable que celle de son époux, Sadek vit en France et en Grèce. Il achève la rédaction de ses mémoires, les mémoires d'un homme hors du commun, doté d'une grande culture et par dessus tout d'une modestie sans pareille. Mais il est vrai que la modestie est l'apanage des grands. Écoutez, amis du blogue, cet entretien ; vous entendrez des choses qui ne vous laisseront pas insensibles. Comme celle-ci, par exemple : durant la bataille d'Alger, Sadek trouve refuge auprès du diocèse d'Alger. Arrive l'abbé Scotto, (curé de la paroisse de Bab-El-Oued) au moment du repas. Il voit "l'invité" et au lieu de dire la prière chrétienne ordinaire, il dit "Bismallah" (qui est l'invocation des musulmans à Dieu). Ou cette autre : Sadek circulait dans Alger quadrillé par les parachutistes, munie d'une carte d'identité de l'ami et sympathisant juif. Qui sera tué dans l'attentat contre le Casino de la corniche !



En ces temps, où certains s'efforcent d'allumer la guerre des religions, Sadek dit NON à sa manière, simplement en rappelant comment les gens vivent. Et c'est bien pour cela qu'il est un politique fin et avisé. Vivement le tome II !


P.S. Vous aurez droit également à des chansons choisies par Sadek : "Ya Rayah" de Dahmane (pour le harrachi de coeur qu'il est), Louiza Tounsia (juive tunisienne, manière de rendre hommage à l'Andalous) et "l'ensorcelante" Asmahane dans sa bouleversante prestation "Ya habibi ta'ala".