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L'ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour. Dans ce clair-obscur surgissent des monstres.
Antonio Gramsci

vendredi 18 septembre 2015

IMMIGRATION : MAMMON À L’ASSAUT DE L’EUROPE

Un article d'Israel Shamir

"... Cette... Troisième Guerre mondiale n’est pas seulement dirigée contre le tiers monde. Cette guerre a commencé bien avant que la première bombe soit tombée sur le sol rocailleux de l’Afghanistan. Un million de nouveaux réfugiés sont sur les routes, créant un grand désordre et déstabilisant l’Asie. Aucun doute à avoir : tôt ou tard, la vague des réfugiés atteindra l’Europe. Des centaines de milliers de réfugiés sont d’ores et déjà en marche en direction de l’Europe, de la Russie, ainsi que des pays plus ou moins stables de l’Asie centrale. Il faut les comprendre : les États-Unis ayant menacé d’utiliser le cas échéant les armes nucléaires contre ses pauvres maisons, la population civile n’a pas d’autre choix que de fuir les zones potentiellement visées. Aucun contrôle à la frontière ne pourra jamais contenir leur poussée anarchique. Le Pakistan sera aux premières loges, mais il ne sera en aucun cas le dernier. Les Américains et les Anglais ayant prévu de transformer leur Croisade initiale en une longue guerre « contre le terrorisme », il y aura de plus en plus de réfugiés, jusqu’à ce que, finalement, le tissu social de l’Europe, très fragile, se déchire et finisse par être détruit. L’Europe sera envahie, comme l’Empire romain en son temps, et elle sera confrontée à un choix cornélien, affreux : instaurer un régime d’apartheid et de discrimination, ou perdre son identité.
L’Europe est-elle vouée à être la victime collatérale de la furie américaine, comme le badaud innocent, pris au milieu d’un échange de tirs dans la grand’rue, entre le saloon et le bureau du télégraphe, comme on le voit dans les westerns ? Pour ma part, je considère que l’Europe est plutôt la cible désignée de l’offensive, non seulement annoncé : entamée.
Ce n’est certainement pas ce que le Monsieur Tout-le-monde souhaite, aux États-Unis, mais on ne lui demande pas son avis. Les nouvelles élites gouvernementales américaines, ainsi que leurs partenaires et leurs voyageurs de commerce outre-atlantique, ont inscrit la destruction d’une Europe par trop prospère, indépendante et cohérente, à leur ordre du jour. Ce désir a une raison concrète, de court terme : l’Europe est un concurrent dangereux, pour l’Amérique, elle est trop indépendante, elle a même osé mettre sur pied une monnaie unique qui pourrait évincer le dollar. L’Europe prône une politique plus équilibrée en Palestine. L’Europe est trop égalitaire : à New York, j’ai vu un garçon d’ascenseur, un immigré du Panama pays martyrisé par vous devinez qui : ce liftier vit en permanence dans son ascenseur : il y habite, il y couche... Vous ne verrez jamais une chose pareille en Europe, pour la bonne raison que l’Europe n’a pas encore été mammonisée.

II


La nouvelle élite des décideurs n’a pas grand-chose à faire du Christ ou de Mahomet, certes, mais leur dévotion éperdue s’adresse à une autre divinité ancienne : Mammon. Cet antique dieu de l’Avidité était adoré, avant tous les autres, par les Pharisiens, voilà deux millénaires, comme nous l’apprend l’Évangile. Jésus leur dit : « Vous ne pouvez à la fois servir Dieu et Mammon. » Mais les Pharisiens se moquèrent de lui, parce qu’ils adoraient l’argent [1]. Cette foi antique tomba dans l’oubli. L’adoration de Mammon est connue sous le terme d’Avarice, l’un des sept péchés capitaux, réprouvés par les sociétés tant chrétienne que musulmane.
Mais elle n’a pas complètement disparu. Deux mille ans plus tard, le petit-fils du rabbin Trier, un certain Karl Marx, en arriva à la déduction révolutionnaire suivante : la foi de Mammon, cette « religion des juifs pour les jours de semaine » – ce sont ses propres mots – est devenue la véritable religion des élites américaines. Marx cite, en l’approuvant, un certain colonel Hamilton : « Mammon est l’idole des Yankees, ils ne l’adorent pas simplement en paroles, mais aussi de toutes les forces de leur corps et de leur âme. À leurs yeux, la terre n’est qu’une immense bourse des valeurs et ils sont persuadés que leur unique mission sur la Terre est de devenir plus riche que leur voisin. » Marx conclut : « Là où la domination effective de la mentalité juive sur le monde chrétien a achevé son expansion, totale et éclatante, c’est en Amérique du Nord. »
La mentalité juive victorieuse, pour Marx, est basée sur l’« appât du gain et l’égoïsme, son credo, c’est les affaires ; son dieu : l’Argent » [2]. Ces propos, comme bien d’autres idées de Karl Marx, sont connus, mais leur signification spirituelle profonde n’a jamais été perçue à sa juste mesure. Pour une raison bien simple : jusqu’à nos jours, les caractéristiques religieuses de la foi en l’Accaparement étaient inexprimées, et ses adeptes auraient pu passer pour des capitalistes « normaux », soucieux de leur intérêts propres bien sentis tout en œuvrant au bien commun (on dirait aujourd’hui : à l’intérêt général), tels qu’Adam Smith nous en avait dressé le portrait...
Les choses ont changé depuis l’avènement du « néolibéralisme ». Les conférences de Milton Friedman ont été en quelque sorte l’occasion du « coming out » des Mammonites, adeptes de la nouvelle/vieille croyance. Ils diffèrent des avares du commun en cela qu’ils élèvent l’Avidité au niveau d’un Dieu jaloux qui ne saurait souffrir qu’on lui associât des collègues. L’homme riche traditionnel n’aurait pour rien au monde rêvé de détruire sa propre société. Il se souciait de son pays et de sa communauté. Il ambitionnait d’être le premier parmi les siens. Il se considérait comme un « meneur d’hommes », comme un « bon pasteur ». Certes, les bergers, eux aussi, mangent parfois du mouton, mais ils n’iraient jamais vendre le troupeau tout entier au boucher pour la seule raison que la cotation est bonne.
Les Mammonites voient dans de telles billevesées une trahison de Mammon. Comme l’a écrit Robert McChesney, dans son introduction à l’ouvrage de Noam Chomsky Le Profit, avant le Peuple [3] : « Ils exigent une croyance absolue dans l’infaillibilité du marché dérèglementé. » En d’autres termes, une foi faite d’égoïsme et d’avidité illimités. Ils sont totalement exempts de toute compassion pour les gens au milieu desquels ils vivent, ils ne considèrent pas appartenir à la « même espèce » que les gens du coin. S’ils pouvaient éliminer les gens du coin pour les remplacer par des immigrés indigents, afin d’optimiser leurs profits, ils le feraient, comme l’ont fait leurs coreligionnaires, en Palestine.
Les Mammonites n’ont rien à cirer des Américains, mais ils les utilisent comme instruments afin de parfaire leur domination du monde. Leur idéal de ce monde est archaïque ou futuriste : ils rêvent d’un monde partagé entre esclaves et maîtres. Afin de le réaliser, les Mammonites font tout ce qu’ils peuvent afin de détruire la cohésion des unités sociales et nationales.
Tant que les gens restent sur leur terre, parlent leur langue, vivent parmi leurs semblables, boivent l’eau de leurs rivières, pratiquent et prient dans leurs églises et leurs mosquées, ils ne sauraient être réduits en esclavage. Mais dès lors que leurs pays sont submergés par des masses de réfugiés, leur structure sociale s’effondre. Ils perdent leur plus grand privilège : le sentiment d’avoir quelque chose en commun, le sentiment de fraternité. Dès lors, ils deviennent une proie facile, pour les adorateurs de Mammon..."

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