braniya chiricahua




L'ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour. Dans ce clair-obscur surgissent des monstres.
Antonio Gramsci

lundi 24 mars 2014

ÉPHÉMÉRIDES 2 : DE QUOI HAMROUCHE EST-IL LE NOM ?


Dans une interview donnée à El Watan du 24 mars 2014, Mouloud Hamrouche montre de quoi il est capable : produire de la bouillie pour les chats, ou en d'autres termes de la "derdacha", ce bavardage invertébré et superficiel dans lequel excellaient les despotes arabes (à la Gueddafi). El Watan tente-t-il de remettre en selle l'ex soi-disant réformateur après sa première sortie ratée (et lamentable) ? Les intervieweurs lui ont complaisamment offert une planche de salut en lui faisant remarquer qu'il lui a été reproché de s'être adressé à l'armée et pas aux Algériens. Le réformateur a fait mine de reconnaître que le reproche était justifié. Il a également reconnu que "le lieu de naissance posait [désormais] problème". Eh ben voilà ! Encore un peu de courage pour employer les mots qu'il faut et ce sera bon : le régionalisme tribaliste hérité de la guerre d'indépendance bat encore son plein entre les "Marocains" et les "Tuniso-aurésiens". 

Ce "gène  létal", qui faute d'être d'être identifié et clairement nommé par tous, empêchera le pays de parvenir à sa phase adulte, c'est-à-dire de renvoyer les soudards à leurs casernes et d'édifier l'état de droit, civilisé et démocratique

Je remets donc en exergue l'article que j'avais rédigé à la suite de la première déclaration publique de Mouloud Hamrouche, histoire de rafraîchir les mémoires défaillantes. 


Mouloud Hamrouche y est donc allé, lui aussi, de sa déclaration. Le résumé de son propos est simple : « …  la renaissance de notre identité algérienne et notre projet national ont été cristallisés, abrités et défendus, successivement, par l’Armée de Libération Nationale, puis, l’Armée Nationale Populaire... ». Voilà tout est dit : l'Algérie appartient à l'armée ; plus même, l'armée est la condition de possibilité même de l'Algérie. L'antienne mensongère et débile, ressassée jusqu'à la nausée par le pouvoir militaro-policier depuis l'indépendance du pays, a encore frappé.

Rayée d'un trait de plume la longue maturation historique de l'idée de nation algérienne. Exeunt l'émir Abdelkader, fondateur de l'embryon d'État algérien moderne, le cheikh Benbadis promoteur de la réforme morale qui a rendu possible la perception par les Algériens de leur identité (« Nous sommes des Amazighs arabisés par l'islam », qui a dit mieux que cette formule profondément dialectique?), l'émir Khaled, fondateur du premier parti algérien moderne, 'Abdelkader Hadj-Ali (un autre mascaréen), fondateur de l'Étoile nord africaine (ENA), Ferhat 'Abbas dont le long combat a eu le mérite insigne de prouver à tous l'inanité d'une politique d'assimilation.

L'inculture musclée du soudard (on nous dit qu'il aurait été recueilli à l'âge de 15 ans par l'armée des frontières) plastronne sans effort, sans vergogne, sûre d'elle-même et dominatrice. Qu'à cela ne tienne, ils sont encore nombreux les commentaires favorables à celui que l'on honore encore du titre de réformateur, le donnant comme l'homme du consensus, capable de sortir le pays de la crise multiforme dans laquelle l'a plongé le pouvoir militaro-policier. Sans blague ?

Soit. Examinons le CV politique de cet homme qui a eu l'occasion de montrer de quoi il était capable au poste de Premier ministre (1989-1991).

Son sens de la solidarité nationale ? Il s'est immédiatement couché devant le FMI et a brutalement dévalué le dinar de 50 %, vouant à la ruine et au désespoir des millions de petits épargnants (alors que les gros, eux, n'avaient rien à craindre du moment que leurs dinars sont transformés -par quels moyens- en devises fortes, dormant dans les banques européennes et américaines).

Son sens de l'État ? Il s'est entouré de ministres dont certains (Ghazi Hidouci) avoueront que, tapis dans les rouages de l'appareil d'État sous les gouvernements précédents, ils ont consciencieusement saboté toutes les mesures qui n'allaient pas dans le sens de la libéralisation -l'Infitah- qu'ils appelaient de leurs vœux. Et que dire de ces négociations avec les dirigeants du FIS durant la grève insurrectionnelle de 1991, décrétée par ces derniers ? Négociations où il était question de l'usage de la force pour dégager les places publiques occupées par les militants islamistes. Ces négociations se conclurent par un accord au terme duquel le Premier ministre s'engageait à ne pas utiliser la force publique. Que l'État ait renoncé, ce faisant, à ce qui fait son être même en tant que seul dépositaire de l'usage de la violence légitime, que cette chose soit le pont-aux-ânes de la sociologie wébérienne, que voulez-vous qu'en sache un soudard inculte (pléonasme) ?

Son sens tactique ? Promoteur de la ligne consistant à promouvoir le FIS pour fracasser le FLN (ennemi des réformes), le Premier ministre organisa, par le truchement de son ministre de l'Intérieur, Mustapha Mohammedi, la gigantesque fraude électorale au terme de laquelle le FIS rafla la grande majorité des municipalités et des conseils de wilayas du pays. Devant un aréopage d'artistes conviés par lui à désigner un conseil national destiné à remplacer le ministère de la Culture et de l'Information, le Premier ministre, havane au bec, singeant Boukharrouba dans ses gestes, déclarait, en substance, qu'il avait mis dans les pattes du FLN « plus voyou que lui » (le FIS). C'est qu'il n'a pas rencontré dans ses lectures (?) cet adage qui dit que la politique du pire est souvent la pire des politiques. Politique du pire qui balaiera, du reste, son gouvernement de soi-disant "réformateurs" et qui était en réalité une équipe dominée par les infitahistes.

Son sens patriotique ? À chaque mesure d'importance qu'il comptait prendre, Hamrouche sollicitait l'avis du Premier ministre de la France (Michel Rocard). Avis désintéressé ? Les États n'ont pas d'amis ; ils n'ont que des intérêts. Mais ainsi sont ceux des dirigeants algériens qui se gargarisent de ce « nationalisme ombrageux » que les journalistes occidentaux leur prêtent si volontiers : plus ils extériorisent leur nationalisme à la gomme, plus ils sont serviles envers l'ex-puissance coloniale (cas de Messali, de Ahmed ben Mahjoub ben Embarek alias Benbella, de Bouteflika et d'une infinité d'autres ; rappelons que De Gaulle exécrait Ferhat 'Abbas, pourtant fin lettré en français, redoutable orateur, marié à une française, auquel il préférait Benbella « Cet homme ne nous veut pas de mal » disait-il de lui au moment où Ahmed ben Mahjoub vitupérait à qui mieux mieux la France. C'est que De Gaulle savait que le soudard viendrait tôt ou tard baiser la main qui l'avait décoré après Monte Cassino alors que le député de l'Assemblée nationale française qu'a été Ferhat 'Abbas, aux convictions patriotiques affirmées et cristallisées dans une longue expérience de la culture démocratique française, ne viendrait jamais à résipiscence.)

Pour en revenir à sa déclaration par laquelle il se pose en recours national, Hamrouche s'est-il avisé qu'elle est peut-être -qu'elle est sûrement pour ceux qui la lui ont soufflée, en tout cas- une machine infernale lancée dans les gencives du BTS et de Benflis en particulier ? Un homme de l'est contre un autre de l'est : « Odhrob qolla be qolla » (un clou chasse l'autre). De plus, cela permet d'enterrer Benhadid, et derrière lui, Zéroual.

L'inviincible Milice d'Alger
Après trois siècles de domination de l'Odjaq, l'Algérie, pressurée à mort par les Janissaires, était devenue une proie tentante pour les nations de la méditerranée qui vouaient une haine inexpiable à la piraterie maritime (ennemie du libre commerce) pratiquée par un Odjaq insatiable. Et quand les Français l'envahirent, ils ne trouvèrent finalement, face à eux, qu'un jeune homme, plus doux rêveur que guerrier, féru de poésie et de philosophie, qui tint tête à ce qui était, alors, la première armée du monde, pendant quinze ans. Où donc était "L'invincible Milice de la Régence", les soudards janissaires ? Débandée au premier affrontement.

Que ceux qui ânonnent après leurs maîtres que « notre armée est le bouclier de la nation » méditent le rappel historique précédent et celui qui va suivre : la "terrible" armée de Saddam Hussein a été balayée en deux temps trois mouvements parce que les yankees avaient pris soin auparavant d'acheter ses chefs. Quelques millions de dollars pour épargner nos boys, OK ? À bon entendeur...

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