braniya chiricahua




L'ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour. Dans ce clair-obscur surgissent des monstres.
Antonio Gramsci

dimanche 2 mars 2014

ÉPHÉMÉRIDES (3) : JANISSAIRES ET MAMELOUKS


Explication : Hamrouche a été chef du protocole du président Bendjedid et il apparaissait souvent à côté de lui tenant un parapluie déployé au-dessus de la tête du chef.

Donc, Hamrouche a fait pschiiiitt. Il ne présente pas sa candidature à l'Odjaq pour être éventuellement désigné Dey de la Régence et appelle -prudemment- de ses vœux la destitution du Dey actuel par les jeunes Janissaires (ce qui est un pléonasme puisque yenni ceri veut précisément dire nouvelle milice). Cela étant, les médias algériens (on peut légitimement se demander si cette expression est appropriée tant pullulent les policiers déguisés en journalistes) et autres chroniqueurs et politiciens qui ont encensé « l'homme du consensus » ne se sont apparemment pas aperçus que Hamrouche ne s'est à aucun moment adressé à la société civile mais seulement et constamment à l'Odjaq (que le sociologue pertinent et efficace, Mohamed Hachemaoui, par ailleurs universitaire-chercheur vrai -pas de ces faux chercheurs qui ne cherchent rien et ne trouvent rien mais qui plastronnent-, appelle « le collège des prétoriens »). Que le peuple soit ainsi mis aux abonnés absents ne gêne personne car, au fond de soi, chaque Algérien est pénétré de l'idée que rien ne sera possible sans violence et qu'à ce titre, force restera toujours aux porteurs d'armes. En d'autres termes, Hamrouche s'est adressé par-dessus la tête des Algériens à ses pairs soudards, à son club, un entre-soi où la piétaille est une variable d'ajustement que l'on articule seulement à l'occasion des grands règlements de compte.

Un homme, toutefois, a osé s'en prendre à Hamrouche et à Benflis : 'Ali Yahia 'Abdennour. Sur le site électronique TSA, 'Ali Yahia estime que les deux susnommés sont incapables de réformer le système car ce sont justement des hommes du système. Première contre-vérité : les hommes d'un système sont tout aussi capables que d'autres de le faire exploser, l'essentiel étant de savoir s'ils en tireraient profit et dans quelles proportions : l'exemple de l'ex-URSS s'offre comme cas d'école pour ceux qui veulent se donner de la peine et réfléchir un tant soit peu au lieu de dévider des âneries.

La seconde n'est pas à proprement parler une contre-vérité mais plutôt une contradiction interne : 'Ali Yahia s'exonère un peu trop rapidement de son appartenance à ce qu'il appelle le « système » : n'a-t-il pas été ministre de l'Agriculture et de la Réforme agraire de Boukharrouba en 1967 ?

[En visite dans mon village, Rio-Salado, en cette année 1967 justement, 'A.Y. avait inspecté le domaine autogéré anciennement « Germain », autrement appelée "La Mitidja", immense hacienda entre Oued El Malah et Chaabat El Leham. Au cours de son inspection, il s'en était pris à un ouvrier et l'avait violemment giflé. La chose me fut rapporté par les ouvriers du domaine auxquels j'avais donné des cours d'alphabétisation et expliqué les Décrets de mars 1963 portant autogestion dans les locaux de « ma » MJC (cf sur ce blog L'été meurtrier). Cet homme s'est fait défenseur des droits humains...]

Mais il y a peut-être une autre explication à cette sortie de 'A.Y. : il ne peut pas dire que Hamrouche et Benflis sont disqualifiés pour diriger l'Algérie car ils appartiennent au clan de l'est ; il ne le peut pas parce qu'il a un bœuf sur la langue, étant lui-même un homme de clan (de secte si l'on veut) puisqu'il est farouchement berbériste. J'ai rapporté ici même (cf article « Gouverner par le complot ») comment son sectarisme a ruiné les efforts unitaires pour édifier une ligue des droits de l'homme vraiment représentative.

L'Algérie, semblable à ce taxi clandestin bourré de passagers tous aussi escrocs les uns que les autres (le magnifique film de Bénamar Bakhti, « Le clandestin », avec un 'Othmane 'Ariouet sublime en faux docteur et une Ma Messaouda en faux moudjahid), va cahin-caha vers son destin : un règlement de comptes final de type western yankee (dernière scène désopilante du film).

Pour avoir vécu sous le joug pluriséculaire d'un despotisme asiatique, celui des Mamelouks et celui des Janissaires, est-il si étonnant que l'Égypte et l'Algérie suivent le même chemin de perdition ? Celui de l'idolâtrie de l'armée. « El Guich el misri el 'Azim » pour les Égyptiens et « Notre glorieuse ANP, digne héritière de l'ALN » pour nous. Antiennes meurtrières, mensongères et stériles qui empêchent une nation de devenir adulte.


2 commentaires:

  1. Salut Messaoud
    Maitre Ali Yahia Abdennour, cet énigmatique défenseur des droits de la veuve sans orphelins, n'a pas tiré sur le lieutenant-colonel Mouloud Hamrouche et le civil assimilé Ali Benflis, par ailleurs défenseur de la vieille fille, seulement. Il a profité de cette occasion pour planter une lame de couteau dans le dos du général Benyelles et une autre dans celui du civil assimilé Taleb-Ibrahimi qui venaient tout juste de publier un truc au bas duquel figurent les trois signatures dont celle du Maitre. Ce sont là les mœurs des individus qui appartiennent aux sous-systèmes.

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  2. Salut ZO,

    Eh oui, comme je te le disais ailleurs, chez ces gens-là, on ne connaît pas le principe de non-contradiction. Qui ne se souvient de Chadli Bendjedid déclarant : "Un pays qui n'a pas de problèmes n'est pas un pays. Mais nous, grâce à Dieu, nous n'avons pas de problème !"

    On peut donc affirmer une chose et son contraire en même temps et poignarder (dans le dos, évidemment, notre homme étant coutumier du fait) ceux avec qui on vient de signer une déclaration commune.

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