Lors du coup
d'état contre le président élu du Chili, Salvador Allende -coup
d'état perpétré par l'armée chilienne mais préparé par l'ogre
yankee, et précisément par Henry Kissinger-, le président algérien
Boukharrouba s'était fendu d'un discours historique. Stigmatisation
de l'armée chilienne félonne ? Condamnation de l'empire yankee
assassin ? Demande de poursuites judiciaires contre le criminel
Kissinger ? Vous n'y êtes pas. Boukharrouba, frappant d'un
index méprisant le microphone, s'en prit à... Allende -pour
l'heure, mort- en lui administrant la leçon : « J'ai
dit à Allende : si tu n'as pas l'armée avec toi, tu
risques... ». Pas un mot à la mémoire du président ni des
milliers de morts. Pas un mot pour les emprisonnés du stade de
Santiago du Chili. Rien que l'arrogance du soudard qui élevait son
ignorance des choses politiques au rang de science. Donner des leçons
à un Allende, vieux et subtil routier de la politique, la vraie, il
fallait avoir l'impudence d'un quasi analphabète de la politique
(mais pas que...) pour le faire. Ce disant, Boukharrouba criait ainsi
la vérité de sa personne : auteur de deux coups d'état et
d'autant de félonies, Boukharrouba avouait que pour lui, la
politique, c'est l'usage de la force primaire.
Mais de quoi
cette outrecuidance était-elle le nom ? De la lâcheté qu'elle
était chargée de cacher : s'en prendre à la victime pour
faire oublier que l'on n'a pas le courage de s'en prendre au
bourreau. (Ce qui est du même tonneau que cet épisode odieux que
nous avons rapporté ici même -cf les chroniques de la guerre des
lâches- quand un journaliste qui signait Y.B. s'en était pris, dans
un article d'une violence rare, à … quelqu'un qui agonisait dans
un hôpital de la banlieue algéroise, victime d'un attentat. Il est
vrai que la victime, Tahar Djaout, avait, en matière de courage et
de talent, de quoi rendre jaloux les écrivaillons nécessiteux.)
Aujourd'hui,
face au coup d'état et à la boucherie innommable que vient de
perpétrer l'armée égyptienne, les « politologues »
autoproclamés (mais de quoi donc la politologie est-elle la
science ?), au premier rang desquels ces ADS (Arabes de service),
sempiternels « spécialistes » des choses arabes et
sempiternels invités des chaînes de télévision françaises, se
répandent, dans l'indécence la plus débridée, sur la
sauvagerie... des partisans du président égyptien légalement élu
mais déposé et kidnappé par l'armée ! Tant de lâcheté et
d'ignominie a de quoi révulser, même venant de la part de coolies
des officines néo-conservatrices françaises, qui vendraient père
et mère pour complaire à leurs maîtres. Et que dire de ces
organisations de Coptes émigrés, de Paris et de Washington, qui
déversent sans retenue des tombereaux de haine sur les Frères
Musulmans qui n'ont eu que le tort de remporter des élections (en
faisant place sur leurs listes électorales à des candidats coptes.)
Tant d'hostilité et d'intolérance confine à la pathologie mentale.
Le plus
sidérant dans ce festival de lâchetés, d'hypocrisie et de
mensonges révoltants, est que ces propagantistes hyper-zélés -on a
même vu, c'est dire ! des journalistes français essayer de
mettre un bémol à leur torrent de haine : « Tout de
même, il s'agit d'un coup d'état... »-, accusent les FM
d'intolérance et de visées totalitaires ! Mais de quelle
autorité morale pourraient disposer ceux qui se font les complices
actifs des baïonnettes déchaînées contre des manifestants
pacifiques accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants ? Une fois n'est pas coutume :
ce sont les soudards égyptiens qui singent leurs homologues
algériens en s'offrant même leur Tahadi local sous les
espèces d'un soi-disant Tamarrod, autant
de marionnettes des moukhabarates, là et ici.
Revenons au
fond des choses : de quoi est-il question ? Un président
normalement et régulièrement élu est renversé -et kidnappé !-
par l'armée de son pays au bout d'une année de mandat. A-t-il
commis un crime d'état ? quelque chose comme une haute trahison
mettant le pays en situation exceptionnellement critique ? Les
putschistes eux-mêmes ne le prétendent pas car la haute trahison,
c'est l'armée égyptienne qui l'a commise il y a des décennies en
se mettant dans la pogne sioniste et yankee, sous la houlette
d'Anouar Es-Sadate et de Hosni Moubarek. Les putschistes disent que
le président élu menait le pays au désastre économique. Au bout
d'une année de mandat, les haruspices de l'armée ont lu dans les
entrailles de poulet la faillite économique d'un pays failli. Pillé
par 32 années de règne de la famille Moubarek et 43 années
d'infitah.
La vérité
est que Mohamed Morsi s'était rapproché de l'Iran et de la Turquie,
semant la panique chez les Al Saoud et les sionistes qui ont pressé
les yankees d'agir. La preuve ? Larguant toute précaution
diplomatique, les Al Saoud ont claironné que leur hacienda était
prête à suppléer à toute sanction européenne ou américaine
contre les putschistes. On n'avait jamais vu les Al Saoud menaçant
l'ogre yankee, leur protecteur ! C'est qu'ils savent que ce
dernier a également son maître -le petit ogre sioniste- et que tant
que les intérêts des Al Saoud coïncideront avec ceux de l'état
sioniste, les yankees se coucheront. (Les Al Saoud ne sont pas les
derniers à avoir vu Nethanyahu infliger les pires humiliations au
NDS -Noir de service- Obama.) Or les propriétaires de l'hacienda
-Arabie saoudite- qui porte leur nom ont désigné leur ennemi
principal : l'Iran.
Au lieu d'accompagner la montée
en puissance de deux puissances régionales -dont elle pouvait être
le lien-, l'armée égyptienne, comme en 1973 et en 1978, a préféré
trahir sa nation et ses intérêts bien compris contre le plat de
lentilles des 1,3 Mds $ US (qui servent probablement à acheter de
vieux chars Abrams complètement obsolètes mais suffisants pour
écraser le peuple).
Les FM
égyptiens ont résisté à toutes les tentatives de Nasser, Sadate,
Moubarak... pour les faire disparaître et ils sont toujours là.
La seule façon de les réduire, démocratiquement et pacifiquement,
est de leur permettre d'exercer le pouvoir de manière civilisée,
c'est-à-dire conforme aux normes modernes de séparation des
pouvoirs et de respect des droits civiques. (Là, les FM auraient
compris que l'idéologie ne peut pas tout -sinon les régimes dits
« communistes » auraient réussi- et que répéter
« L'islam est la solution » ne donne pas à manger ni ne
procure de travail.) Or c'était exactement ce qui était en train de se mettre en place. Les soudards félons ont compris que commençait une ère
politique nouvelle où ils n'auraient plus leur place et qu'il leur
faudrait rentrer dans leurs casernes et/ou se préparer à affronter
l'armada sioniste. Ou bien aller chercher du travail, du vrai...
Au risque de
nous répéter, disons qu'il n'y a qu'une façon de lever
définitivement l'hypothèque islamiste, c'est de les accepter comme
partenaires légitimes dans le jeu démocratique, du moment qu'ils en
acceptent les règles, et de leur permettre d'exercer le pouvoir, si
le peuple leur en donne mandat. Et ce n'est pas là sacrifier à la
sornette du siècle, la prétendue « régression féconde »
dont l'auteur n'a apparemment pas conscience qu'elle démarque celle
des néo-conservateurs, « le chaos constructif ». (En
quoi le pouvoir iranien a-t-il été une régression ? Par
rapport à quoi ? À celui du shah et de sa Savak ?)
Le jeu démocratique moderne ne doit pas être pensé et vu comme une singerie de celui qui a cours en Occident -lequel est entré dans une crise profonde ; il doit faire sa juste place à la morale, oui la morale, c'est-à-dire la prise en compte de ce qu'il y a des choses qui ne se font pas -ce que G. Orwell, souvent cité ces temps-ci, ce n'est pas par hasard, nommait la décence commune, « the common decency » et qui n'est que le sens moral dont aucun homme n'est dépourvu. À moins d'être un monstre.
Le jeu démocratique moderne ne doit pas être pensé et vu comme une singerie de celui qui a cours en Occident -lequel est entré dans une crise profonde ; il doit faire sa juste place à la morale, oui la morale, c'est-à-dire la prise en compte de ce qu'il y a des choses qui ne se font pas -ce que G. Orwell, souvent cité ces temps-ci, ce n'est pas par hasard, nommait la décence commune, « the common decency » et qui n'est que le sens moral dont aucun homme n'est dépourvu. À moins d'être un monstre.
Le général
El Sissi déclarait, quelques jours avant le coup d'état, que
« l'armée égyptienne était digne de respect [car] c'est un lion et le lion ne dévore pas ses petits » (sic). De son
côté, M. Morsi déclarait : « Il faut prendre soin de
l'armée... Nous avons des trésors dans cette armée... ».
Le soudard
mentait perfidement en préparant son coup et le président se
trompait. Le mensonge de l'un et l'erreur de l'autre sont l'indice
d'une même vérité : le jeu politique civilisé n'est possible
que par la mise à l'écart -en attendant de la mettre au rancart- de cette vieille et horrible chose qu'est
une armée, horde de soudards dont le cerveau est tout entier dans le
flingue et qui vit en parasite sur la bête. (Saluons au passage le
Costa-Rica qui a décidé de se passer de son armée).
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