La crise syrienne vient
de prendre un tournant gravissime avec l'affaire de « l'attaque
aux armes chimiques » perpétrée dans les faubourgs de Damas.
Or, bien que l'origine des tirs n'ait été établie rigoureusement
par personne, les dirigeants des pays occidentaux, comme un seul
homme, ont pointé le coupable, le régime syrien, et ont commencé à
montrer leurs muscles en promettant de châtier le barbare sans
tarder. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres et les Obama,
Cameron et Hollande ( à ce dernier, on devrait rappeler ce vers du
Cid de Corneille : « Qu'espères-tu faire avec tant de
faiblesse » ? et à son ministre des AE, Laurent Fabius, poser la question : "Quels intérêts défends-tu avec tant d'ardeur ? Pas ceux de la France, en tout cas...") ont dû en rabattre de leurs prétentions
martiales.
Que s'est-il donc passé
pour que les va-t-en guerre reculent si précipitamment ? On dit
que les opinions publiques de ces pays, largement réfractaires à
l'entrée dans un nouveau conflit, ont pesé de tout leur poids. Sans
blague ! Et depuis quand ces gouvernements respectent-ils leur
opinion publique ? La France a-t-elle respecté le non à
la constitution européenne que le peuple a exprimé par référendum ?
A-t-elle entendu et respecté l'opposition massive à la loi dite
Taubira (sur le mariage gay) ? Les USA ont-ils entendu les
millions de voix qui s'élèvent sur leur sol et dans le monde pour
exiger la vérité sur le 11 septembre 2001 ? Et leurs cousins
anglais ont-ils respecté une opinion publique massivement hostile à
la guerre d'agression contre l'Irak ?
On nous dit, par
ailleurs, que la Russie a voulu sauver la face à Obama en lui
proposant le troc suivant : destruction de l'arsenal chimique
syrien contre le renoncement aux bombardements. Si c'était vrai,
comment expliquer le fait que le même Obama, durant la réunion du
G20 à Saint-Pétersbourg, ait insulté Poutine en termes orduriers,
en séance plénière, devant tout le monde, le traitant -paraît-il-
d'âne qui n'aurait rien compris à rien ?
La réponse à notre
question sur la reculade des candidats à l'agression serait plutôt
à rechercher dans le voyage insolite qu'a effectué le prince Bandar
Ibn Soltane -celui que les diplomates arabes surnomment Bandar-Bush-
en Russie, début août 2013. Bandar-Bush est le chef des services
spéciaux saoudiens, coolie des néocons américano-sionistes et âme
damnée de la tribu elle-même damnée des Al Saoud. Reçu par
Poutine soi-même, il lui a proposé un marché : en échange du
lâchage de la Syrie par la Russie, l'Arabie saoudite s'engage à
ouvrir à cette dernière ses champs pétrolifères, à lui passer
des commandes d'armements considérables et à garantir l'accès à
la Méditerranée de la flotte russe. Bandar-Bush a ajouté -c'est
dire l'arrogance du personnage- que son pays garantirait qu'il n'y
aurait pas d'attentats terroristes à Sotchi (durant les prochains
Jeux olympiques) ! À quoi Poutine aurait répondu qu'il y avait
longtemps qu'il savait que derrière le terrorisme islamiste, en
particulier tchétchène, se tenait l'Arabie saoudite.
La réponse de Poutine au
chantage de Bandar-Bush a été lapidaire : si les Américains
bombardent notre allié (la Syrie), nous bombarderons leur allié,
c'est-à-dire vous. Bandar-Bush est rentré chez lui porteur de la
bonne nouvelle à ses maîtres yankees. Gageons que ni lui ni eux ne
s'attendaient à cette menace de riposte symétrique : on dit
les yankees joueurs de poker -jeu basé sur le mensonge ; les
Russes sont plutôt des joueurs d'échecs -jeu basé sur
l'intelligence stratégique.
Ce retour tonitruant de
la Russie dans le jeu géostratégique mondial s'explique par
plusieurs facteurs dont il faut extraire un qui est capital : ce
qui est en jeu derrière les manœuvres américano-sionistes, c'est
la survie de la nation russe en tant que telle. Depuis l'implosion de
l'URSS et l'effondrement du soi-disant camp socialiste, la Russie se
voyait encerclée par des pactes agressifs suscités par les USA, dans lesquels des nains -Georgie, Tchéquie, Pologne- se croyaient devenus colosses, subitement ;
elle voyait son ventre mou -le flanc caucasien- menacé de dépeçage ;
elle voyait également et surtout la puissance yankee devenir folle,
au point de programmer la destruction des « puissances
moyennes » nommément citées : Yougoslavie, Irak, Syrie,
Iran, Algérie, Corée du nord. Saisi d'hubris, l'empire yankee
croyait pouvoir remodeler le monde à sa façon, c'est-à-dire en
faisant disparaître les nations au profit d'états fédéraux sans
épine dorsale (c'est ce qu'il avait fait avec l'Allemagne en 1949).
À quand notre tour ? ont du se dire les patriotes russes.
Alors, de même qu'en juin 1941, lorsque les Allemands avaient envahi
l'URSS, Staline avait largué la rhétorique communiste pour en
appeler aux mânes de la Russie éternelle, Poutine fait de même :
réconciliation avec l'Église orthodoxe et retour à l'identité
slave de la Russie.
Cela dit, le danger qui
menace profondément la Russie ne réside pas dans une agression
armée contre elle -qui serait assez fou pour s'attaquer à ce peuple
si immense par son abnégation et son courage ? Certainement pas les
yankees qui ne sont plus capables, de toute façon, que de mener des guerres de lâches,
par drones ou missiles Tomahawk interposés, tirés à des centaines
de km de leurs cibles ; et puis, le cinéaste Stanley Kubrick
avait déjà montré dans son magistral film « Full metal jacket »
qu'une frêle jeune fille combattante du FNL sud-vietnamien pouvait mettre en échec
les terrifiants G.I.'s, tout droit sortis de la machine à fabriquer
les surhommes.
Ce danger, il réside bien
plus dans l'action souterraine des milieux pro-occidentaux et
pro-sionistes tapis au sein des institutions russes. Le politologue
russe Alexandre Douguine le dit bien : selon lui, Poutine est
isolé dans les appareils dirigeants russes. Le travail délétère
des oligarques -dont la majorité est issue des ex-Komsomol ainsi que
du KGB- qui ont un pied en Russie et l'autre en Occident et qui
possèdent, de plus, la nationalité israélienne pour nombre d'entre
eux, a fait son office : le mode de vie occidental est de plus
en plus attractif pour des millions de Russes qui ne voient que
l'aspect extérieur de la réussite insolente de ces nababs ;
peu d'entre eux veulent se souvenir qu'elle est le résultat d'un
hold-up historique.
La diabolisation de
Poutine, les insultes du NDS Obama à son endroit, celles du sénateur John Mc Cain
-combien de tonnes de bombes au napalm ou contenant de l'agent
orange, cet aviateur a-t-il lancées sur le Viet-Nam ?-, les
campagnes des laquais stipendiés des médias main stream ont
le même objectif : discréditer le président russe afin d'ouvrir
la voie du Kremlin aux coolies des américano-sionistes.
Car
l'alliance américano-sioniste a une substance : celle de la
concordance de deux projets de domination mondiale qui passent par
une même stratégie, celle de la déconstruction des états
nationaux par la force ou par la ruse.
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