SOUS
LE SIGNE DE STALINGRAD
Février
1943. Le Grand Tournant de la Deuxième guerre mondiale vient d'avoir
lieu. La VI° armée allemande commandée par le maréchal Von Paulus
-capturé dans une cave- a capitulé. Stalingrad est libérée. Le
dix de ce même mois, je faisais mon apparition. Mon père n'était
pas là. Mobilisé en 39, démobilisé en 40, remobilisé en 42, il
faisait la guerre quelque part, on ne savait où.
Plus
tard, il me racontera une histoire qui me marqua de manière
indélébile : il est chargé de surveiller des prisonniers
allemands. L'un d'eux, un tout jeune homme, lui demande la permission
d'aller embrasser ses parents et de les rassurer sur son sort ;
ils habitent un village non loin de là. Mon père, dont le tour de
garde finissait à 6 heures, demande à l'allemand de lui donner sa
parole qu'il serait de retour avant la relève. Le prisonnier la lui
donne ; mon père le laisse partir. Un quart d'heure avant
l'heure fatidique, l'allemand n'était pas de retour. Mon père se
voyait devant le conseil de guerre. Si pour un soldat, il n'était
pas indiqué du tout de se trouver face à des galonnés pour qui la
vie d'un homme ne compte pas, pour un soldat algérien, encore moins.
À six heures moins cinq minutes, le prisonnier arriva en courant
comme un dératé. Mon père m'a souvent raconté cette histoire. Il
disait que cela aurait pu lui coûter très cher, mais qu'il ne
savait pas agir autrement qu'en Arabe pour qui la parole donnée est
sacrée.
J'aurai,
très souvent, à l'occasion surtout des trahisons qui jalonnèrent
l'existence de ma famille, de repenser à cette histoire. J'ai pensé
surtout, en vérité, au soldat allemand ; lui qui tenait
désormais le sort de son gardien entre ses mains -quel retournement
que celui par lequel le vaincu est devenu libre et le vainqueur
désormais soumis à la décision de son ex-prisonnier !- et qui a
jugé supérieur à tout le respect de la parole donnée. Ce qui
donnait raison à mon père. Sur la base de cette histoire, j'ai pu
reconstituer grossièrement l'itinéraire militaire de mon père.
Lui, à part cette anecdote, ne parlait jamais, au grand jamais, de
cette guerre qui avait jeté le petit fellah algérien analphabète
qu'il était dans des mondes insoupçonnés.
Quand
il rentra en mai 45, le grand massacre qui se déroulait à des
centaines de km de là -Sétif, Guelma, Kherrata, dans l'est du pays-
donna des idées à certains colons locaux. Mon père ne dut son
salut qu'à l'intervention anticipée de la gendarmerie qui vint
l'arrêter pour l'incarcérer dans une brigade située à une
quinzaine de km de là (Lourmel-El 'Amria), où il se trouva, ainsi,
en lieu sûr ! Appartenant à la fois au mouvement réformiste
musulman du cheikh Ben Badis et à la Cgt, sympathisant qui plus est
du parti communiste, il cumulait les raisons de n'être pas en odeur
de sainteté auprès de ceux que l'on nommera les
Ultra-colonialistes. Le terme, qui sera abrégé en ultra,
avait, sans doute, pour objectif de suggérer qu'il y avait colons et
colons, que certains étaient d'honnêtes et paisibles citoyens quand
d'autres étaient infréquentables. Un colon n'est-il pas d'abord
celui qui s'installe sur les terres d'autrui et se les approprie en
camouflant sa rapine sous des oripeaux juridiques ou religieux ? Le
terme d'ultra-colonialiste est un pléonasme.
LES
BÉNI-AMER
Le
village colonial de
RIO-SALADO
fut
créé par un senatus-consulte de 1859 sur une assiette de 3000 ha
prélevée sur les terres des Béni-Amer.
Les
confédérations de tribus arabes Béni-Hillal et
Béni-Souleym étaient
originaires du Nejd (Arabie saoudite). Particulièrement
fougueuses, elles razziaient jusqu'aux confins du Châm (en gros la
Syrie actuelle) et de la Mésopotamie (l'Irak actuel). Dernières
converties à l'islam, elles participeront au sac de La Mecque par
les Qarmates (chi'ites de Bahrein prêchant le communisme
intégral). Chassées par la sécheresse et la famine, elles
s'étaient établies en Haute-Égypte où les califes fatimides
chi'ites les avaient confinées sur la rive orientale du Nil. Leurs
vassaux Zirides (dynastie de Berbères sanhajas fondée par Bologhine
Ibn Ziri et régnant sur le Maghreb central) ayant abandonné le
chi'isme, les Fatimides leur envoyèrent les tribus Béni-Hillal et
Béni-Souleym pour les punir. Dans le même temps où ils se
débarrassaient d'hôtes encombrants et particulièrement turbulents.
Entrés en
Tripolitaine en 1050, les Arabes hillaliens rallièrent l'Ifriqiya
(en gros, la Tunisie actuelle) en 1055 pour en découdre avec les
Zirides. L'armée sanhaja fut écrasée par les redoutables guerriers
hillaliens. Le royaume ziride avait vécu. Reprenant leur marche vers
l'ouest (Taghriba), les Béni-Hillal n'atteindront le sud
oranais que deux siècles plus tard. Là, ils côtoieront une
importante tribu berbère, les 'Abd-El-Wad, qui servait de makhzen
(assurer l'ordre et lever l'impôt) aux Almohades dans l'Oranie.
Lorsque l'empire almohade implosa, les Abd-El-Wad érigèrent le
royaume de Tlemcen avec Yaghmoracen Ibn Ziane à sa tête. Menacé
par ses cousins mérinides qui avaient fait appel aux Arabes Maqil
(originaires du Yémen) et qui lorgnaient lourdement du côté de
Tlemcen, le fondateur du royaume zianide fit appel aux Béni-Amer qui
deviendront son makhzen. La fortune de la tribu était, dès lors,
faite.
Les
Béni-Amer s'installèrent graduellement dans la
plaine qui s'étend de Tlemcen à Oran. Petit à petit, les
intrépides et belliqueux guerriers vont se transformer en riches
agriculteurs sédentaires. Léon l'Africain, au 15° siècle, disait
d'eux : « Ce sont des hommes d'une grande bravoure et très
riches. Ils sont dans les 6000 beaux cavaliers, bien équipés. »
Les Espagnols les tiennent pour « nobles, seigneurs des
Berbères et fiers », et Daumas, le consul de France auprès de
l'émir Abdelkader, écrivait en 1839 : « Les Béni-Amer,
possesseurs d'un pays immense et coupé de vallées fertiles se
livrent beaucoup à l'agriculture et sont très riches en grains et
troupeaux de toute espèce ».
Dès
leur occupation
du
pays,
les
Ottomans engagèrent les hostilités contre les
Béni-Amer
:
ils les chassèrent de la grasse plaine de la Mlta (d'Oran
au Tessala) et y installèrent deux groupes faits de bric et de broc,
c'est à dire d'éléments détribalisés nommés
Douaïrs et Zmalas. Plus grave : les Ottomans prétendirent
faire des Béni-Amer, en les scindant en deux entités, des tribus
ra'ïas (soumises à l'impôt). La haine inexpiable que vouèrent
désormais les Béni-Amer aux Ottomans justifiera l'alliance avec les
Espagnols. Un des deux frères Barberousse, les maîtres de la
Régence d'Alger, Aroudj Boukefoussa -le manchot- fut ainsi tué lors
d'un affrontement avec les Espagnols et les Arabes coalisés, près
du Rio-Salado. Durant toute la durée de l'occupation ottomane, les
Béni-Amer ne cessèrent de guerroyer et de défendre leurs terres.
RIO-SALADO
Situé sur la
route reliant Oran à Tlemcen -la future Nationale 2-, à 60 km de la
première et à 80 km de la seconde, devenu rapidement commune de
plein exercice, le village était promis à un bel essor. En effet,
et en moins d'un siècle, Rio-Salado acquerra ses lettres de
noblesse.
Fleuron
de la colonisation, Rio-Salado brillait de mille feux à l'occasion
de sa kermesse de Pâques et de sa fête des Vendanges durant
lesquelles officiaient des vedettes du moment tels Xavier Cugat, Luis
Mariano, André Reweliotty (chef du jazz-band qui accompagnait
Sydney Bechet), Aimé Barelli et d'autres encore. Ce n'était
assurément pas peu. L'autre
titre de gloire du village était sa mention dans les livres de
géographie des collèges et des lycées de France et de Navarre en
tant que première commune viticole de France (distinction que lui
disputait, toutefois, son voisin, Hammam-Bouhadjar). Le territoire de
la commune était, en effet, une mer de vignoble ; la vigne régnait
sans partage et servait, pour l'essentiel, à produire des vins à
forte teneur alcoolique destinés au coupage des « piquettes »
métropolitaines. La vigne payait bien et les fortunes des grands
viticulteurs se constituèrent très vite. Le village de Rio-Salado
possédait également cette particularité que la balance
démographique penchait du côté du peuplement européen. Le senatus
consulte de fondation prévoyait d'installer là 50 feux. En 1954, la
population de la commune comptera 12 000 habitants, y compris les
deux douars, Tounit et M'saada.
LE
DOUAR M'SAADA (MESSADA)
Nous habitions
alors le douar M'saada, -orthographié officiellement Messada-
situé à peu près à égale distance des trois villages coloniaux,
Rio-Salado, Turgot et Er-Rahel.
Le douar
M'saada était distant de cinq km de son chef-lieu de commune,
Rio-Salado. Il était divisé en deux parties par l'Oued El Maleh,
la rivière salée, le Flumen Salsum des Romains :
M'saada Fouaga, M'saada du haut, sur la rive droite du cours
d'eau et M'saada Thata, M'saada du bas, sur la rive gauche.
Les
Ouled-Sidi-El-Messaoud et les Oulad Bouameur, qui s'étaient
regroupés dans le douar qui portera le nom des premiers, M'saada,
étaient des fractions des Béni-Amer. Après
avoir combattu les Ottomans -qui voulaient faire d'eux une tribu
« ra'ïa », soumise à l'impôt- les Béni-Amer suivirent
l'émir Abdelkader dans sa lutte contre les Français, y compris lors
de sa retraite vers le Maroc où il pensait pouvoir rallier le roi à
sa cause. Certaines fractions se désolidarisèrent, alors, de lui et
ne lui suivirent pas. Celles qui lui emboîtèrent le pas au Maroc
vécurent une tragédie : pourchassés par l'armée française
et attaqués par les troupes marocaines, les Béni-Amer perdirent le
contact avec le gros de l'armée de l'émir et se replièrent sur une
montagne ; encerclés par l'armée marocaine, toutes les voies
de retraite leur étant coupées, les Béni-Amer refusèrent de se
rendre et de livrer leurs femmes et leurs enfants à ceux qui
venaient de perpétrer contre eux une trahison aux allures
d'apostasie ; alors, ils passèrent au fil du sabre leur
progéniture et leurs femmes et se battirent ensuite jusqu'au bout.
Après la reddition de l'émir, les rescapés de cette expédition
négocièrent avec les Français leur retour au pays où ils
découvrirent qu'ils avaient été expropriés en vertu d'un
séquestre.
Durant mon enfance et bien après, j'entendrai toujours
les M'saada parler de sikiss -déformation du mot séquestre.
Les M'saada
faisaient vraisemblablement partie des fractions Béni-Amer qui
avaient suivi l'émir au Maroc car comment expliquer autrement leur
exécration du royaume chérifien ? Spoliés plusieurs fois de leurs
terres au gré des arrivages de migrants européens, surtout
espagnols, les M'saada finirent par s'établir dans cette zone
sablonneuse et inhospitalière, entre montagne et oued aux eaux
saumâtres et aux débordements ravageurs.
(A suivre)
السلام عليكم -من هو المجاهد الله يرحمو الملازم الاول عيساوي مسعود اللدي هو من بلدية المساعدة و لم يتكلم عنه التاريخ اطلب من سيادتكم شيخنا الفاضل السيد مسعود بن يوسف شرح مفصل عن هدا البطل اللدي هو من بلدتكم المساعدة داءرة المالح و شكرا ارجوا منكم الرد سيدي و شكرا mon èmail- khaldi mohamed119@gmail.com 0771317310
RépondreSupprimerالسلام عليكم -من هو المجاهد الله يرحمو الملازم الاول عيساوي مسعود اللدي هو من بلدية المساعدة و لم يتكلم عنه التاريخ اطلب من سيادتكم شيخنا الفاضل السيد مسعود بن يوسف شرح مفصل عن هدا البطل اللدي هو من بلدتكم المساعدة داءرة المالح و شكرا ارجوا منكم الرد سيدي و شكرا mon èmail- khaldi mohamed119@gmail.com 0771317310
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