Depuis quelques
jours, le quotidien algérien El Watan, sous la signature de sa
journaliste Salima Tlemçani, spécialiste des choses de l'ANP et de
la SM, entretient une manière de suspense sur le sort du général
'Abdelkader Aït Ourabi (alias Hassen). Ce dernier a été mis sous
mandat de dépôt et écroué à la prison militaire de Blida. Que
lui est-il reproché ? Le lecteur n'en saura rien car au lieu de
l'information qu'il attend, il aura droit à une défense en règle
d'un officier présenté comme un as de la lutte anti-terroriste,
patriote, fidèle au chef de la SM, l'éternel -25 ans qu'il la
dirige- Médiène, etc.. Tout juste apprend-on que cet officier a
surtout sévi dans le sud, aux frontières de la Libye, du Mali et du
Maroc.
Ah mais voilà qui
nous rappelle quelque chose ! L'attaque du centre gazier de
Tiguentourine. Même que c'est à la suite de cette attaque que ledit
Hassen a été limogé et inculpé pour, entre autres, constitution
de bande armée. Traduction en clair : création et manipulation de vrai-faux maquis terroriste-islamiste. Mais ne comptez
pas sur El Watan pour vous le rappeler !
Hier, il citait des
sortes de témoins de moralité : l'AYANT-DROIT ABSOLU, N. Aït
Hammouda, et la PATRIOTE grincheuse, la trotzkiste L. Hanoune
(décidément, le trotzkisme mène à tout, comme nous l'ont montré
les néocons criminels). Et que disent ces super-patriotes sur le
fond de l'affaire ? Rien. Ils ont été requis pour déplorer; ils déplorent. Aujourd'hui (03/9), le quotidien donne la parole à l'avocat de l'officier écroué : le
praticien déplore les manquements graves au code de procédure
pénale, en particulier le refus de lui permettre d'accéder au
dossier de l'accusation. Cela ne fait jamais que 53 ans que la SM
procède ainsi, cher maître ! Au mépris du droit civilisé, de
la procédure judiciaire légale, n'importe quel Algérien peut être
enlevé dans la rue ou chez lui, transporté dans un lieu secret et
passé à la Question.
Il n'est bien sûr
pas question de reprocher à cet avocat de faire son travail. Il est
question de rappeler à El Watan que lorsque des gens s'indignaient
de semblables procédés s'agissant d'islamistes (ou réputés tels),
il était l'un de ceux qui dégainaient le plus vite le slogan
terroriste, concocté sinon par la SM du moins par ses coolies, "QUI
TUE QUI ?". Et voilà qu'aujourd'hui un équarrisseur de
la SM est victime des procédés de ladite SM (l'équarrissage en
moins, quand même!). L'arroseur arrosé, en somme.
Alors quoi ?
Alors, chiche, cher maître : je soutiens complètement vos
réquisitions auxquelles j'ajoute : 1) que vous puissiez
assister aux interrogatoires de votre client ; 2) que celui-ci
ne fasse l'objet d'aucune violence, physique ou symbolique ; 3) que la tenue du procès obéisse aux normes d'une justice civilisée,
rendue par des magistrats indépendants (il y en a). Et ce n'est pas
sinistre ironie de ma part : en pleine guerre, au congrès de la
Soummam, 'Abane Ramdane avait fait inscrire ces principales
dispositions (dites de l'Habeas Corpus) dans les statuts du FLN ;
et Zighoud Youcef ne s'écarta de la Convention de Genève -dont un
exemplaire ne quittait pas sa musette- qu'à partir du moment où son
âme damnée, Bentobbal, parvint à lui manger la cervelle ; et
ce fut la boucherie du 20 août 55.
Il va de soi que ce
qui vaut pour ce général doit valoir pour tout Algérien. Voilà ce
que l'éthique commande à n'importe qui d'écrire.
(Mon article du 13/02/14)
ALGÉRIE : RECONFIGURATION DE L'ODJAQ
Dans les « chroniques
de la guerre des lâches » (cf sur ce même blog), il était
fait état de la formation d'une alliance entre l'état-major (EM) de
l'armée, dominé par les ex-officiers du cadre français (les
généraux Belkheir, Mohamed Lamari, Nezzar...), et la Sécurité
Militaire (SM, dirigée par les généraux Médiène et Smaïn
Lamari). Ce bloc s'était formé en réaction à l'accord passé
entre le Président Bendjedid -appuyé par une partie de la
hiérarchie militaire, issue pour la majorité d'entre elle de l'est
du pays-, et le Front islamique du salut (FIS), lui aussi massivement
de l'est. Le bloc EM/SM avait démis Bendjedid de la Présidence et
engagé une guerre terrible contre l'autre partie qu'il a réduite à
quia.
Avec la disparition des
chefs emblématiques de l'EM (M. Lamari, L. Belkheir) et
l'affaiblissement de Nezzar, l'appareil de la SM s'est imposé comme
jamais auparavant à la hiérarchie de l'armée, au point qu'on peut
dire que cette dernière n'existait plus. Médiène, le chef de la SM
(rebaptisée DRS, pour Département du renseignement et de la
sécurité, en arabe Daïrat el isti'lamate wa el amn, ce qui donne
DIA – tiens ! c'est le nom du service action de la CIA), est
devenu le « Dieu de l'Algérie » (selon ses propres
dires).
Mais le tout-puissant
chef de la SM semble avoir sous-estimé les capacités manoeuvrières
d'un Bouteflika qui, même gravement diminué par la maladie, a
réussi à mettre en route le principe du processus de liquidation de
Médiène et, partant, du ravalement de la SM au rang subalterne qui
devrait être le sien. Et ce principe est simple : reconstituer
une hiérarchie de l'armée pour qu'elle fasse pièce à la SM.
Un chef d'état-major, conforté par un titre politique, vice-ministre de la
Défense, est nommé (A. Gaïd-Salah) et un conseil supérieur de
l'armée (homologue du conseil supérieur de la Magistrature) est
créé qui a à charge de gérer les carrières
(donc les nominations) des hauts gradés de l'armée et de la SM ;
il est présidé par le chef de l'EM et comprend les chefs des armées
(air, terre, mer...), les six chefs de région militaire, le
directeur général de la sûreté nationale (DGSN, qui est un
général), le chef de la DCSA (direction centrale de la sécurité
de l'armée) et celui du DRS.
Tout le monde aura compris que c'en est bien fini de l'omnipotence de Médiène. Une vraie machine de
guerre contre le DRS a été ainsi montée sans coup férir. Le
« Dieu de l'Algérie » auquel on prête tant n'a rien vu
venir. Un malheur n'arrivant
jamais seul, le chef du DRS venait pourtant d'être très gravement
affaibli par le limogeage de ses principaux adjoints, Bachir Sahraoui alias 'Athmane Tartag
( le directeur de la sécurité intérieure, DSI, le
contre-espionnage), Rachid Laalali (directeur de la sécurité
extérieure, DSE), M'henna Djebbar (le directeur central de la
sécurité de l'armée, DCSA), qui ont payé ainsi le désastre de
Tiguentourine. Le général Hassen -Abdelkader Aït Ourabi-, qui a
conduit les opérations, la boucherie devrait-on dire, a été, quant
à lui, arrêté.
On le voit :
l'attaque « terroriste » contre le centre gazier de
Tiguentourine a été une sorte de « main de Dieu » pour
Bouteflika. À moins qu'il ne faille y voir une autre main, bien
humaine celle-là. En effet, qu'une colonne de 4X4 puisse faire des
centaines de km sur un terrain désertique sans être repérée
-malgré le système d'observation et de surveillance-, cela relève du miracle ou de la trahison.
Il restait à asséner au
« Dieu de l'Algérie » le coup de pied de l'âne :
l'honneur de l'exécution publique échoira au secrétaire général
du FLN, joueur de derbouka (il n'y a pas de sot métier) dans un
obscur orchestre de province. Vae victis. La diatribe du
percussionniste contre le seigneur et maître du pays a hystérisé
les larbins de la SM qui n'en reviennent pas même s'ils subodorent,
à l'instar du bon peuple, que quelque chose de grave a dû se
produire pour que l'homme le plus puissant du pays, celui qui peut
vous faire passer de vie à trépas sans autre forme de procès, soit
traîné dans la boue en pleine agora.
Tout cela se passant à
la veille de la désignation du Dey (que l'on appelle par antiphrase
les «élections présidentielles»), il serait tentant
de ramener ces événements à une lutte de clans somme toute
habituelle. Ce serait commettre une erreur d'appréciation car les
enjeux sont autrement plus importants que la simple désignation du
dey, tant il apparaît évident que l'Odjaq (la milice des
Janissaires qui commandait la Régence d'Alger durant la période de
domination ottomane, soit trois siècles, trois fois plus que la
domination française) se satisferait tout-à-fait de l'actuel. En
effet, dans le système de l'Odjaq, le dey est une réalité
subsidiaire, seconde et interchangeable. L'essentiel pour l'Odjaq
étant de préserver son propre pouvoir réel.
Bien sûr, tous les
hommes ne se valent pas et les circonstances pèsent et infléchissent
les choix de l'Odjaq vers telle ou telle direction. Ainsi, après la
domination indécente et grotesque des « Marocains » sous
le règne de Bouteflika, certains pourraient penser qu'il serait de
bon aloi pour l'Odjaq de prospecter ailleurs. Le clan rival de celui
des « Marocains » -celui de l'est, le BTS- l'a si bien
compris qu'il a ressuscité un ancien général, démissionnaire
depuis 1996, Hocine Benhadid, ex-conseiller spécial du président
Zéroual, pour se rappeler au bon souvenir de l'Odjaq nouvellement
reconstitué : je parle au nom de mes frères d'armes, dit-il en substance dans une intervention sur le
quotidien El Watan. Il n'est pas sûr, cependant, que l'Odjaq verrait
d'un d'un bon œil l'arrivée au pouvoir d'un clan revanchard (dont
l'homme lige, Ali Benflis, piaffe d'impatience). L'Odjaq a besoin de
stabilité pour s'adonner aux affaires dans la tranquillité.
Une note de (très
relatif ) optimisme pour finir : des journalistes n'hésitent
plus à parler en termes non codés des « clans » en les
désignant positivement comme étant celui de l'est et celui de
l'ouest. On y arrive, on y arrive ! Une clarification s'impose
toutefois : quand on parle du clan de l'ouest, il s'agit plus
précisément des « Marocains », ces Algériens nés au
Maroc et Marocaiins naturalisés Algériens, qui ont formé la SM, ont assassiné 'Abane Ramdane et sont
arrivés dans les fourgons de l'armée des frontières de
Boukharrouba pour se poser en maîtres et seigneurs du pays. Quant au
clan de l'est, il s'agit moins d'un clan structuré que d'une
mentalité tribaliste de chef de horde qui a fait les ravages que
l'on sait durant la guerre d'indépendance, dans la bande frontalière
qui va, en gros, des confins sud de l'Aurès au Bec de canard (la
soi-disant Base de l'est dont 'Abane était déterminé à en
liquider les chefs autoproclamés).
Bonjour Messaoud
RépondreSupprimerTous les journalistes, observateurs, politologues, mouches et moucherons d’Algérie, les francophones comme les arabophones et les berbérophones, disent et écrivent le D.R.S pour département renseignement et sécurité au lieu de la D.I.A. C’est probablement pour éviter toute confusion avec la D.I.A étatsunienne et toute affinité avec la D.I.N.A Chilienne. L’avantage pratique des initiales D.R.S est indéniable. Ce serait tout de même enquiquinant de faire suivre les œuvres de la D.I.A par la mention : toute ressemblance ou similitude avec des organisations, des personnages et des faits existants ou ayant existé, ne saurait être que coïncidence fortuite ou pure affabulation punie par la loi.
Cette mention serait une précaution de contournement qui paraitrait superfétatoire puisque les travaux du DRS sont bien réels alors que l’œuvre de la DIA est fictionnelle ; pire, elle passerait comme incongrue pour les beys, pachas triennaux, miliciens, zbantout et kologhlous du XVIème réincarnés au XXIème siècle. Le dalaï-lama rate là une belle occasion de faire d'Alger une Lhassa el jadida.
Salut ZO,
RépondreSupprimerMerci de tes commentaires.
Donc, nous emploierons désormais le sigle DIA à la place de DRS -et sans mention, effectivement superfétatoire comme tu dis!-, n'en déplaise aux yenni serri, beys, pachas, zbantouts et autres kouloughlis.