braniya chiricahua




L'ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour. Dans ce clair-obscur surgissent des monstres.
Antonio Gramsci

vendredi 15 janvier 2016

QUAND LES BI-NATIONAUX ETAIENT A L 'HONNEUR


La mort du toréro, Pablo Picasso

Les Algériens -c'est connu- passent pour être très chatouilleux sur le registre de l'amour de leur pays. C'est du moins ce que répètent à l'envi les médias internationaux. Les Algériens ont eu à conforter cet avis avec la victoire de leur équipe nationale de balle-au-pied obtenue sur la Corée du sud. Leurs médias nationaux sont dithyrambiques, leur télévision -dite « l'Unique »- diffuse à tour de bras les clips inénarrables à la gloire d'El Khadhra -la Verte- et, sur la Toile, c'est à une explosion d'écrits, parfois d'un enthousiasme naïf, que nous assistons.

L'Odjaq -l'ordre janissaire qui règne- ne manquera, évidemment, pas d'en tirer profit, d'autant plus que pas un secteur d'une opposition autoproclamée n'osera aller à l'encontre de l'unanimité nationale. Quand El Khadhra gagne, c'est l'Algérie qui gagne. Mais cela est vrai de tous les pays. Panem et circences -du pain et des jeux !- sont les deux mamelles éprouvées de toute domination idéologique.

Reste que les Algériens devraient reconnaître ce fait simple et massif : sur les 11 joueurs alignés face à la Corée du sud, 8 sont français, nés en France, formés en France, évoluant dans des clubs professionnels européens ou asiatiques. On peut donc dire que la France est le seul pays qui possède deux équipes nationales qualifiées à cette coupe du monde.

J'entends d'ici les vociférations indignées m'accusant de dénier la qualité d'Algériens à des jeunes gens qui font honneur à leur patrie. Ce serait pure hypocrisie. Il ne s'agit pas de dénier à quiconque le droit d'être Algérien s'il le désire -je pense même, au contraire, qu' en adoptant un code de la nationalité parmi les plus fermés au monde, l'Algérie a tressé de ses propres mains son malheur-, mais de reconnaître des faits au lieu de valider l'attitude schizophrénique de l'Odjaq : vitupérer en paroles « l'ex-puissance coloniale » et sa « langue étrangère » mais parler français entre soi et placer son argent et sa progéniture en France. Soyons équitables : il n'y a pas que l'Odjaq qui témoigne de cette ambivalence. D'autres, opposés à l'Odjaq, succombent irrésistiblement au nationalisme au petit pied de la balle-au-pied…

Et puisque nous y sommes, un mot sur l'hymne national. Il ne gêne pas le nationalisme ombrageux de l'Odjaq que la musique de cet hymne ait été composé par un égyptien. Pas plus que la langue des paroles soit ampoulée, boursouflée et pompeuse à un point rare. Pour un chant censé être populaire, c'est un contresens !

Pas étonnant que le peuple lui préfère « Min jibalina » ! Mais le bon peuple sait-il que ce chant patriotique est copié d'une marche militaire française, intitulée « Sambre-et-Meuse » ? Au lieu de s'en désoler (comme le faisait Bachir Hadj-Ali en 1964, dans sa brochure intitulée « Qu'est-ce qu'une musique nationale ? »), on peut valablement le proposer comme hymne national, en rappelant que cette marche -« Le régiment de Sambre-et-Meuse »- a été composée à la gloire de l'armée du peuple sans-culottes qui a défait les Prussiens à Valmy et sauvé, ainsi, la révolution. Ce serait là, à coup sûr, un événement symbolique de qualité.


Mais peut-être que l'Odjaq préférerait une marche turque, qui sait ?

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