Dans une interview donnée à El Watan du 24 mars 2014, Mouloud Hamrouche montre de quoi il est capable : produire de la bouillie pour les chats, ou en d'autres termes de la "derdacha", ce bavardage invertébré et superficiel dans lequel excellaient les despotes arabes (à la Gueddafi). El Watan tente-t-il de remettre en selle l'ex soi-disant réformateur après sa première sortie ratée (et lamentable) ? Les intervieweurs lui ont complaisamment offert une planche de salut en lui faisant remarquer qu'il lui a été reproché de s'être adressé à l'armée et pas aux Algériens. Le réformateur a fait mine de reconnaître que le reproche était justifié. Il a également reconnu que "le lieu de naissance posait [désormais] problème". Eh ben voilà ! Encore un peu de courage pour employer les mots qu'il faut et ce sera bon : le régionalisme tribaliste hérité de la guerre d'indépendance bat encore son plein entre les "Marocains" et les "Tuniso-aurésiens".
Ce "gène létal", qui faute d'être d'être identifié et clairement nommé par tous, empêchera le pays de parvenir à sa phase adulte, c'est-à-dire de renvoyer les soudards à leurs casernes et d'édifier l'état de droit, civilisé et démocratique
Je remets donc en exergue l'article que j'avais rédigé à la suite de la première déclaration publique de Mouloud Hamrouche, histoire de rafraîchir les mémoires défaillantes.
Ce "gène létal", qui faute d'être d'être identifié et clairement nommé par tous, empêchera le pays de parvenir à sa phase adulte, c'est-à-dire de renvoyer les soudards à leurs casernes et d'édifier l'état de droit, civilisé et démocratique
Je remets donc en exergue l'article que j'avais rédigé à la suite de la première déclaration publique de Mouloud Hamrouche, histoire de rafraîchir les mémoires défaillantes.
Mouloud
Hamrouche y est
donc allé, lui aussi, de sa déclaration. Le
résumé de son propos est simple : « …
la
renaissance de notre identité algérienne et notre projet national
ont été cristallisés, abrités et défendus, successivement, par
l’Armée de Libération Nationale, puis, l’Armée Nationale
Populaire... ». Voilà
tout est dit : l'Algérie appartient à l'armée ; plus
même, l'armée est la condition de possibilité même de l'Algérie.
L'antienne
mensongère et débile,
ressassée jusqu'à la nausée par le pouvoir militaro-policier
depuis l'indépendance du pays, a
encore frappé.
Rayée
d'un trait de plume la longue maturation historique de l'idée de
nation algérienne. Exeunt l'émir Abdelkader, fondateur de l'embryon d'État algérien moderne, le cheikh Benbadis promoteur de la réforme
morale qui a rendu possible la perception par les Algériens de leur
identité (« Nous sommes des Amazighs arabisés par l'islam »,
qui a
dit
mieux que cette formule profondément dialectique?), l'émir
Khaled, fondateur du premier parti algérien moderne, 'Abdelkader
Hadj-Ali (un autre
mascaréen), fondateur de l'Étoile nord africaine (ENA), Ferhat
'Abbas dont le long combat a eu
le mérite insigne de prouver
à tous l'inanité d'une politique d'assimilation.
L'inculture
musclée du soudard
(on nous dit qu'il aurait été recueilli à l'âge de 15 ans par
l'armée des frontières) plastronne
sans effort, sans vergogne, sûre d'elle-même et dominatrice. Qu'à
cela ne tienne, ils
sont encore nombreux les
commentaires favorables à celui que l'on honore encore du titre de
réformateur,
le donnant
comme l'homme du consensus, capable de sortir le pays de la crise
multiforme dans laquelle l'a plongé le pouvoir militaro-policier.
Sans
blague ?
Soit.
Examinons le CV politique de cet homme qui a eu l'occasion de montrer
de quoi il était capable au poste de Premier ministre (1989-1991).
Son
sens de la solidarité nationale ? Il s'est immédiatement couché devant le FMI et a brutalement dévalué le
dinar de 50 %, vouant à la ruine et au désespoir des millions
de petits épargnants (alors que les gros, eux, n'avaient rien à
craindre du moment que leurs dinars sont transformés -par quels
moyens- en devises fortes, dormant dans les banques européennes et
américaines).
Son
sens de l'État ? Il s'est entouré de ministres dont certains (Ghazi
Hidouci) avoueront
que, tapis dans les rouages de l'appareil d'État sous les
gouvernements précédents, ils ont consciencieusement saboté toutes
les mesures qui n'allaient pas dans le sens de la libéralisation
-l'Infitah- qu'ils appelaient de leurs vœux.
Et que dire de ces négociations avec les dirigeants du FIS durant la
grève insurrectionnelle de 1991, décrétée par ces
derniers ?
Négociations où il était question de l'usage de la force pour
dégager les places publiques occupées par les militants islamistes. Ces négociations se conclurent par un accord au terme duquel le Premier ministre
s'engageait à ne pas utiliser la force publique. Que l'État ait
renoncé, ce faisant, à ce qui fait son être même en tant que seul
dépositaire de l'usage de la violence légitime, que cette chose soit le
pont-aux-ânes de la sociologie wébérienne, que voulez-vous qu'en
sache un soudard inculte (pléonasme) ?
Son
sens tactique ? Promoteur de la ligne consistant à promouvoir
le FIS pour fracasser le FLN (ennemi des réformes), le Premier
ministre organisa, par le truchement de son ministre de l'Intérieur,
Mustapha Mohammedi, la gigantesque fraude électorale au terme de
laquelle le FIS rafla la grande majorité des
municipalités et des conseils de wilayas du pays. Devant un aréopage
d'artistes conviés par lui à désigner un conseil national destiné
à remplacer le ministère de la Culture et
de l'Information,
le Premier ministre, havane au bec, singeant Boukharrouba dans ses
gestes, déclarait, en substance, qu'il avait mis dans les pattes du
FLN « plus voyou que lui » (le FIS). C'est
qu'il n'a pas rencontré dans ses lectures (?) cet adage qui dit que la politique du pire est souvent la pire des politiques. Politique du pire qui balaiera, du reste, son gouvernement de soi-disant "réformateurs" et qui était en réalité une équipe dominée par les infitahistes.
Son
sens patriotique ? À chaque mesure d'importance qu'il comptait
prendre, Hamrouche sollicitait l'avis du Premier ministre de la
France (Michel Rocard). Avis
désintéressé ? Les États n'ont pas d'amis ; ils n'ont
que des intérêts. Mais ainsi sont ceux des dirigeants algériens
qui se gargarisent de ce « nationalisme ombrageux » que
les journalistes occidentaux leur prêtent si volontiers :
plus ils extériorisent leur nationalisme à la gomme, plus ils sont serviles
envers l'ex-puissance coloniale (cas de Messali, de Ahmed ben Mahjoub
ben Embarek alias Benbella, de
Bouteflika
et d'une infinité d'autres ; rappelons que De Gaulle exécrait
Ferhat 'Abbas, pourtant fin lettré en
français, redoutable orateur, marié
à une française, auquel il préférait Benbella « Cet
homme ne nous veut pas de mal » disait-il de lui au moment où
Ahmed ben Mahjoub vitupérait
à qui mieux mieux la
France.
C'est
que De Gaulle savait que le soudard viendrait tôt ou tard baiser la
main qui l'avait décoré après Monte Cassino alors que le député
de l'Assemblée nationale française qu'a été Ferhat 'Abbas, aux convictions patriotiques affirmées et cristallisées dans une longue expérience de la culture démocratique française, ne
viendrait jamais à résipiscence.)
Pour
en revenir à sa déclaration par laquelle il se pose en recours
national, Hamrouche s'est-il avisé qu'elle est peut-être -qu'elle
est sûrement pour ceux qui la lui ont soufflée, en tout cas- une machine infernale lancée dans les gencives du BTS
et de Benflis en particulier ?
Un homme de l'est contre un autre de l'est : « Odhrob
qolla be qolla » (un clou chasse l'autre). De plus, cela permet
d'enterrer Benhadid, et derrière lui, Zéroual.
Après
trois siècles de domination de l'Odjaq, l'Algérie,
pressurée à mort par les Janissaires, était devenue une proie
tentante pour les nations de la méditerranée qui vouaient une haine
inexpiable à la piraterie maritime (ennemie du libre commerce)
pratiquée par un Odjaq insatiable. Et quand les Français
l'envahirent, ils ne trouvèrent finalement, face à eux, qu'un jeune
homme, plus doux rêveur que guerrier, féru de poésie et de
philosophie, qui
tint tête à ce qui était, alors, la première armée du monde, pendant
quinze ans. Où donc était "L'invincible Milice de la Régence", les soudards janissaires ?
Débandée au premier affrontement.
Que
ceux qui ânonnent après leurs maîtres que « notre armée est
le bouclier de la nation » méditent le rappel historique précédent et
celui qui va suivre : la "terrible" armée de Saddam Hussein a été
balayée en deux temps trois mouvements parce que les yankees avaient
pris soin auparavant d'acheter ses chefs. Quelques millions de
dollars pour épargner nos boys, OK ? À bon entendeur...
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