Il
est sans conteste possible l'inventeur du théâtre algérien
moderne. Les précurseurs- Allalou, Rachid Ksentini et Mahieddine
Bachtarzi- avaient eu le grand mérite de s'approprier, à partir des
années 1920, le concept de théâtre en salle, que la colonisation
française, mais également les troupes égyptiennes en tournée en
Afrique du nord, avaient introduit en Algérie. Ce théâtre-là
allait en rester, cependant, à la pratique de la saynète et du
sketch, fonctionnant exclusivement au comique, à la farce et à la
satire chez Allalou et Rachid Ksentini, cependant que la tentative
d'un théâtre de langue arabe classique, d'inspiration égyptienne
et privilégiant le drame historique, menée par Bachtarzi,
aboutissait immédiatement à une impasse.
Alors
que la radio -et bientôt la télévision- allaient populariser à
l'échelle du pays ce théâtre d'édification qui, à la manière
des fables, comportait toujours une morale simple, ridiculisant les
vices et les prétentions des gens -démarquages approximatifs et
innombrables du « Bourgeois gentilhomme », du « Malade
imaginaire », de « l'Avare », de la « Mégère
apprivoisée »...- , un embryon de société civile algérienne
voyait le jour, rescapé miraculé de la domination coloniale et du
Code de l'lndigénat, que le Front Populaire avait formellement levé
en 1936, ouvrant du même coup aux Algériens le droit de s'associer
et de se syndiquer. Des associations à caractère sportif, culturel,
religieux et politique naquirent : beaucoup constitueront un terreau,
un relais et un véhicule efficace à une activité théâtrale
renouvelée. C'est par leur biais, en effet, que le théâtre allait
quitter le confinement de la capitale, s'emparer du pays profond et
s'ouvrir des voies d'expression nouvelles au contact de la culture
rurale : bouleversement considérable, car le théâtre échappait
ainsi à l'emprise des élites bourgeoises citadines.
C'est
à Mostaganem -ville de l'ouest algérien- que Abdelkader (dit
« Kaki ») Ould Abderrahmane allait commencer une pratique
théâtrale qui allait faire de lui le fondateur du théâtre
algérien moderne et le pionnier, au niveau du Maghreb, de cette
forme théâtrale qui, mêlant la tradition locale du conte aux
artifices de la scénographie moderne -y compris dans ses avancées
les plus révolutionnaires, celles de Brecht, Piscator…- et aux
arts de la voix et du corps –poésie, musique, danse…- s’offrait
en spectacle total.
Né
le 18 février 1934 à Mostaganem, dans le quartier populaire de
Tigdit, Kaki Ould Abderrahmane allait d'abord subir l'influence
décisive et définitive de sa ville, grosse bourgade coloniale et
rurale devenue très vite une ville opulente avec un port actif,
exportant vins et agrumes d'un arrière-pays prospère et verdoyant.
Mostaganem, c'était aussi -c'était surtout- la présence massive,
entêtante, envoûtante des marabouts, ces hommes que l'on dit
détenteurs de savoirs ésotériques et miraculeux. Élevés au rang
de saints, ils étaient -ils sont- I'objet d'un culte qui s'inscrit
de façon inextricable dans la pratique religieuse locale,
profondément influencée par les confréries soufies qui la
structurent et l'encadrent.
L’arrière-pays
mostaganémois, avec le nombre impressionnant de ses mausolées, avec
le spectacle permanent des processions saisonnières, des rites
déambulatoires, des danses extatiques, des joutes poétiques et de
prose rimée et chantée -le tout dédié aux saints qui veillent,
sourcilleux et munificents, sur la ville et ses environs- est, en
effet, I'une des régions les plus représentatives de cet islam
anthropomorphique et confrérique qui prit racine dans I'lfriqiya
ancienne, cette Afrique du Nord que Omar Ibn-El-Khattab, le deuxième
des Califes Bien Guidés, se refusait obstinément à soumettre,
subodorant d'étrange façon que cette Ifriqiya serait
« moufarriqa », que cette Afrique serait
« diviseuse »... À sa mort, les légions arabes
fonceront sur la « diviseuse » qui ne consentira à leur
message que parce qu'elle y trouvait sans doute une onction divine à
l'égalitarisme foncier et austère qui est au principe de l'ordre de
la tribu. Cet islam, I'lfriqiya allait donc l'accommoder à sa
manière.
Et
tout dans ce syncrétisme allait passer par osmose dans le théâtre
de Kaki : la chanson de geste véhiculée par les bardes itinérants
célébrant, dans les foires et les marchés, la gloire du prophète
et l'abnégation de ses compagnons, les prouesses des guerriers
arabes partis à la conquête du monde, leurs amours légendaires et
leurs voyages fabuleux... Faisant cercle autour du barde, les gens se
transformaient en public attentif, écoutant et goûtant les contes
extravagants et merveilleux des Mille et une nuits, frémissant aux
amours de Qays et de Leyla -quand ce n'était pas à celles de 'Antar
et de 'Abla- vibrant de ferveur au seul prononcé du nom de
Fatima-Zohra, la fille adorée du fondateur de la nation de l'lslam,
ou à celui de son mari, Ali, le pourfendeur de Ras-El-Ghoul -Tête
d'Ogre-, pleurant à l'évocation du martyre de Kerbala où périt
son fils, Hassan, ponctuant d'approbations muettes ou à haute voix
la métrique et la rythmique imperturbables des qacidates, ces longs
poèmes qui seront à l'origine de la chanson bédouine oranaise sur
laquelle régnera en maître absolu cet autre mostaganémois, le
cheikh Hamada.
Ce
que Kaki a eu le simple génie de comprendre, c'est que ces
manifestations-là étaient du théâtre. Pas dans les formes ni dans
les normes que la raison occidentale avait codifiées, certes. Mais
théâtre tout de même puisqu'il y avait une fable, puisqu'il y
avait un acteur -et quel acteur que ce « diseur » capable
de tenir tous les rôles à la fois !-, puisqu'il y avait une scène,
puisqu'il y avait un public.
Kaki,
qui avait tâté du théâtre à l'école primaire adhère, à l'âge
de 14 ans, à une organisation de scoutisme ; il y jouera plusieurs
sketches. Puis il entre dans la troupe théâtrale des amateurs de la
ville de Mostaganem et, à 17 ans, il écrit sa première pièce,
« La Voie de l'Amour ». À 22 ans, il fonde sa
propre troupe théâtrale, « Masrah El Garagouz »
ou « Théâtre du Karagheuz », ce dernier terme,
d'origine turque, désignant tout à la fois la marionnette et un
personnage de la farce turque, sorte de bouffon grotesque dont le nom
restera comme le symbole du théâtre pour Kaki. C'est durant ces
années que Kaki rencontrera Henri Cordreaux.
Henri Cordreaux, instructeur national d’art dramatique à la Direction de l’Education populaire, est envoyé en mission en Algérie en 1947. À Alger, Charles Aguesse, directeur de l’Education populaire (et, plus tard, directeur des Centres sociaux éducatifs) l’introduira dans le milieu libéral-progressiste. Henri Cordreaux et son épouse, Yvette, deviendront amis du professeur André Mandouze, fondateur de « Témoignage Chrétien », le journal des Chrétiens progressistes ; ils fréquenteront les amis d’Albert Camus et les écrivains et artistes libéraux qui se regroupaient autour de la revue « Consciences maghribines » ; ils feront également la connaissance de Germaine Tillon, l'ethnologue spécialiste de l'Aurès.
Peu
après, ils fondent « l’Equipe théâtrale d’Alger »,
une troupe de théâtre itinérante qui s’en ira à la rencontre du
pays profond, présentant des spectacles de divertissement variés,
mais aussi et très vite, des pièces du grand répertoire :
Shakespeare, Llorca, le Nô japonais, Musset… Les inspecteurs
départementaux de l’Education populaire les aideront beaucoup,
organisant leurs tournées et leur facilitant les contacts ;
l’inspectrice d’Oran, mademoiselle Faure, belle-sœur d’Albert
Camus, se montrera particulièrement efficace sur ce plan.
Les
Cordreaux organisent également des stages d’initiation et de
formation théâtrales à Er-Riath, près d’Alger. C’est au cours
de l’une de ces rencontres que Kaki présenta une de ses
compositions théâtrales. Henri Cordreaux en sera –selon ses
propres termes- « émerveillé ». Il aura, par la suite,
l’occasion d’assister à d’autres réalisations de Kaki.
Cordreaux lui demandera de ne surtout rien changer à sa manière de
faire, conscient qu’il se trouvait face à un homme habité
par le théâtre et doté d’un talent extraordinaire. Puis,
l’inspection de l’Education populaire d’Oran chargera Kaki de
réaliser des mises en scène pour les stages de formation théâtrale
qu’elle organisait à Bouisseville, sur la corniche oranaise,
stages qui réunissaient souvent des étudiants1
d’établissements parisiens prestigieux, tels le lycée
Louis-Le-Grand ou l’université de la Sorbonne; c’est là que
Kaki monta, entre autres, « l’Oiseau vert » de Carlo
Gozzi.
C’est
ainsi, et grâce à Henri Cordreaux, -« Je
ne t’ai rien appris, je t’ai révélé à toi-même », dira
avec la modestie des grands coeurs ce dernier à Kaki qui lui
témoignait sa reconnaissance pour tout ce que son mentor lui avait
fait découvrir-, que Kaki allait faire plus intimement connaissance
avec le théâtre moderne tel qu'il se pratiquait en France à cette
époque. Or, le théâtre français en ces années-là était
indissolublement lié au nom de Jean Vilar et les deux épithètes
« national populaire » du TNP avaient tout pour convenir
aux jeunes Algériens qui investissaient cette voie. Mais le Théâtre
National Populaire de Jean Vilar drainait aussi avec lui un certain
Brecht. Une certaine idée du théâtre. Une fonction critique et
révolutionnaire du théâtre, affirmée et revendiquée. Et tout
cela allait également passer dans le théâtre de Kaki.
Le
théâtre de Kaki sortira des limbes dès l'indépendance du pays, en
1962, et ira à la rencontre d'un public non identifié : en effet,
émergeant à peine du néant qui avait nom « Code
de l'lndigénat », la société algérienne balbutiante
avait été plongée dans les affres d'une guerre implacable ; elle
allait en ressortir totalement, profondément bouleversée,
méconnaissable. Des dizaines de milliers de réfugiés, cantonnés
derrière les frontières des pays voisins, rentraient dans la
précipitation et le désordre ; des centaines de milliers d'autres
sortaient des camps de regroupement et des prisons de l'intérieur du
pays, sans compter ceux qui étaient expulsés de métropole. Et tous
se dirigeaient vers des villes désertées par les Européens, des
villes qui avaient déjà perdu leurs élites autochtones laminées
par les effets de la guérilla urbaine. Au même moment, les chefs de
guerre décidaient d'en découdre pour se frayer un chemin vers la
capitale, vers le pouvoir. La liberté, à peine entrevue, était
déjà confisquée et, derrière les réjouissances convenues, se
profilait sur les visages fermés de ceux qui s'étaient
autoproclamés maîtres du pays, le spectre effrayant d'une
bureaucratie militaro-policière en gestation avancée.
C'est
durant ces jours incertains pourtant que Kaki allait présenter sa
première pièce, « 132
ans »2,
à un parterre formé de membres du gouvernement provisoire et d'amis
de l'Algérie combattante. Parmi ces derniers, il y avait Ernesto Che
Guevara qui dira -propos rapportés par l'agence de presse algérienne
APS - : « On
m'avait dit qu'il n'y avait ni théâtre algérien ni théâtre
arabe, mais je viens de voir une pièce faite par de jeunes
Algériens. »
Que
ce soit Kaki –« petit » dramaturge indépendant de
l’ « intérieur »- qui ait été en mesure de
présenter un spectacle théâtral à l’occasion des festivités
nationales et non la troupe de théâtre officielle
du Front de Libération Nationale dirigée par Mustapha Kateb et
revenant de l’ « extérieur », de Tunis plus
précisément, où elle résidait aux côtés des instances
dirigeantes de la lutte de libération nationale, n’est pas
anecdotique. Ce que cet événement montrait déjà, en effet, c’est
que le théâtre officiel, conçu en vase clos à l’extérieur du
pays, telle une culture sur substrat inerte, était en rupture avec
le pays réel, celui que Kaki, à l’inverse, saisissait dans son
intimité profonde. Cette péripétie sera à l’origine des
jalousies et inimitiés solides que certains nourriront à l’égard
de Kaki. On ne pardonnera pas son intelligence et son génie à celui
dont Mohamed Boudia, administrateur du jeune TNA3,
disait à Henri Cordreaux : « Nous
n’avons qu’un grand metteur en scène en Algérie, c’est
Kaki. »
Deux autres pièces de Kaki, faisant dans la fresque militante et
anticolonialiste, « Le
Peuple de la Nuit »
et, surtout, « Afrique
Avant Un »,
célébration du continent qui se libérait du joug colonial,
vaudront à leur auteur un grand succès et le début de la
notoriété.
Après
ces pièces, très fortement marquées par la période d'exception
dont elles témoignaient, Kaki donnera trois des oeuvres les plus
emblématiques de son style et de sa conception du théâtre comme
spectacle total. Ces trois pièces, « Diwan El Garagouz »
-1965- (« le Divan du Karagheuz », libre adaptation de
« I'Oiseau vert » de Carlo Gozzi), « El
Guerrab oua Es Salihine » -1966- (« Le Porteur d'Eau
et les Marabouts », inspiré de « La Bonne Ame du Sé
Chouan » de Bertolt Brecht) et « Koul Ouahed ou
Houkmou » -1967- (« À chacun son jugement »,
inspirée d’une légende locale) connaîtront un immense succès
populaire et feront de Kaki le créateur de cette forme théâtrale
que d'autres, dans tout le Maghreb, adopteront à sa suite, avec plus
ou moins de bonheur.
Après
les premières pièces –« Le peuple de la nuit »,
« 132 ans » et « Afrique avant un »-
qui formaient une manière de « trilogie politique », les
trois suivantes –«Le porteur d’eau et les marabouts »,
«À chacun son jugement », « le Divan
du Karagheuz »- forment bien, quant à elles, ce que l’on
pourrait aisément qualifier de «trilogie magique ». C’est
dans ces trois pièces qu’éclate le génie
dramaturgique de Kaki et que se donne clairement à lire sa
conception du théâtre.
Et
qu'est-ce, justement, qu'une pièce de théâtre pour Kaki ?
C’est
d'abord une fable, une histoire où le merveilleux côtoie la
réalité, se mêle à elle de façon « naturelle », à
moins qu’il n’y fasse une irruption fracassante, comme dans « À
chacun son jugement », déstabilisant brutalement le
spectateur et conférant au propos une dimension inattendue. Cette
histoire comporte toujours une leçon, mais qui ne s’épuise pas
dans l’évidence de son énoncé, à la différence du sketch
moralisateur, mode dominant de l’activité théâtrale d’alors et
qui a si radicalement contribué à la stériliser. Car une pièce de
théâtre, c’est aussi pour Kaki une analyse subtile et nuancée de
la société, de ses contradictions et de ses problèmes, analyse
menée généralement sur le mode d'une critique sans concessions
certes, mais jamais lisible qu’au second degré, entre les lignes.
Kaki ne sacrifie pas à la proclamation, à la profession de foi,
même si traînent encore, çà et là, chez lui, des débris de ce
discours moralisateur dont la culture arabo-islamique est si
profondément imprégnée. Une pièce de théâtre, c’est enfin, et
surtout, pour Kaki, une mise en espace de la voix et du corps à
travers la prose rimée, la poésie, le chant et les percussions, le
tout réglé par le maître de céans, le grand ordonnateur de ce
spectacle total, régisseur avisé de la parole et du rythme de la
déclamation, le conteur.
Six
ans après l'indépendance du pays, Kaki avait déjà écrit et porté
à la scène -en plus des six oeuvres déjà citées-
« Avant-Théâtre », « Les Vieux »,
« Béni Kelboun ». Il avait, parallèlement,
contribué à la mise en place du Théâtre National Algérien, aux
côtés de Mustapha Kateb, Mohamed Boudia, Abdelkader Alloula, Hadj
Omar et Allal El Mouhib.
J-P Bellan Portrait de Boudjemaa |
Nous
sommes en 1968. Alors qu'il jubilait à l'approche du grand événement
qu'il avait appelé de ses vœux -le premier Festival Culturel
Panafricain, qui devait se tenir en 1969 à Alger- un terrible
accident de la circulation allait mettre un terme précoce à sa
fulgurante carrière théâtrale : grièvement blessé, il sera
soigné au centre spécialisé de Garches, puis recueilli et
littéralement materné par son ami, le peintre Jean-Pierre Bellan,
auquel il devra sans doute d’avoir survécu aux multiples
traumatismes de l'accident. Kaki survivra, certes, mais demeurera
définitivement diminué. Il sera directeur du Théâtre Régional
d'Oran quelque temps, puis conseiller culturel de sa bonne ville de
Mostaganem, siège d'un festival annuel du théâtre amateur
particulièrement dynamique.
Et,
un jour de février 1995, celui qui avait posé les pierres d’angle
du théâtre-spectacle à l’algérienne, celui qui avait ébloui
ses maîtres spirituels et ses amis du T.N.P. par sa virtuosité et
son sens théâtral, celui qui introduisit le théâtre épique et
Brecht en Algérie, celui qui rencontra Pablo Neruda en Allemagne,
reçut les félicitations du Che, s'enthousiasma pour l'écriture de
Gabriel Garcia Marquez, celui qui disait que son modèle était Peter
Brook, celui-là décida de se retirer sur la pointe des pieds, non
sans faire un pied de nez au régime alimentaire draconien qui le
maintenait en vie.
En
six funestes années, les trois maîtres du théâtre moderne
en Algérie venaient de disparaître : Kateb Yacine (1989),
Abdelkader Alloula (1994) et Kaki Ould Abderrahmane (1995).
Hommage
spécial et affectueux à Henri et Yvette Cordreaux,
qui ont tant fait pour le développement du théâtre en Algérie et
à qui l'auteur de cet article doit de précieuses informations sur
l’itinéraire de Kaki.
NOTES :
1-
Parmi lesquels, un certain
Jean-Pierre Vincent, futur grand nom du monde théâtral français.
2
- Qui est la durée de la
colonisation française de l’Algérie.
3
-TNA :
le Théâtre national algérien, né en 1963, à la suite de l’un
des premiers décrets de nationalisation du pouvoir algérien. Le
talentueux Mohamed Boudia embrassera la cause palestinienne et
mourra, assassiné à Paris en 1973.
En ces jours autour du décès d'Yvette Cordreaux merci à vous pour cet article.
RépondreSupprimerIls ne sont plus nombreux ceux qui furent de cette belle aventure. Jean Pierre Bellan, Mohamed Aksouh, et le témoin Jean Pierre Bénisti. Et moi, amie des uns et des autres, à qui ils ont transmis le souvenir de cette humanité qui les fit naître mais que je n'ai pas connue. françoise savarin nordmann