braniya chiricahua




L'ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour. Dans ce clair-obscur surgissent des monstres.
Antonio Gramsci

vendredi 1 février 2013

REGARDE LES COLONELS TOMBER





L'Histoire a une histoire. Il n'y a que l'idéologie qui n'a pas d'histoire, disait Marx. L'Histoire se réécrit sans cesse, au fur et à mesure de l'établissement des faits, de la rectification de ceux déjà établis, du recueil d'éléments nouveaux. La vérité n'est que la rectification d'une longue erreur, disait le fondateur de l'épistémologie moderne, Gaston Bachelard. De plus, l'Histoire s'écrit au présent, à partir d'un présent qui possède ses codes de lecture et d'interprétation propres et qui ne sont pas ceux d'hier ou d'avant-hier. Prétendre fixer à jamais un événement, c'est vouloir en clôturer le sens. Entreprise insensée qui trouve encore, hélas, quelques adeptes (cf la loi Gayssot).

De quoi est-il question ? D'un fait historique concernant la guerre d'indépendance algérienne (1954-62) : en l'espace de deux années (1959-61), six chefs de wilaya de l'Armée de Libération Nationale (ALN) ont été éliminés par l'armée française : 'Amirouche Aït Hamouda (chef de la wilaya 3) et El Haouès Ahmed Ben Abderrezak (chef de la wilaya 6), en mars 1959 ; M'hamed Bouguerra (chef de la wilaya 4), en mai 1959 ; Lotfi Benali Dghine Boudghène (chef de la wilaya 5), en mars 1960 ; Salah Mohamed Zamoum (chef de la wilaya 4), en juillet 1961 et Mohamed Djilali Bounaama (chef de la wilaya 4 par intérim), en août 1961. Si l'on ajoute à cela l'élimination de Mostfa Benboulaïd, chef de ce qui était encore la zone 1 (Aurès-Némemchas), en mars 1956, on conviendra qu'il s'agit là d'un bilan particulièrement lourd puisqu'il a visé et décapité les forces combattantes de l'intérieur. Mis à part la funeste occurrence du mois de mars dans ces disparitions, on peut noter qu'elles ont toutes un point commun : un poste radio émetteur.

Mostfa Benboulaïd a été tué par un poste émetteur piégé largué par l'armée coloniale. Les six autres ont été repérés, encerclés et tués à la suite d'un appel sur leur émetteur, provenant d'eux ou de l'état-major. En théorie, les appels ne devaient emprunter qu'une direction : wilaya > état-major, ce qui se comprend aisément, l'initiative devant être laissée à l'appréciation de la base combattante qui peut mieux juger de l'intérêt d'un appel ainsi que du pourcentage de risque d'être repéré.


Pourtant, c'est de l'état-major -de Krim Belkacem précisément- qu'est parvenu un message au PC de 'Amirouche dont la teneur était de le dissuader de se rendre en Tunisie. Trop tard, le chef kabyle était déjà en route vers le sud où il devait faire jonction avec le chef de la wilaya 6 et, de là, bifurquer vers l'est pour franchir la frontière, vers El Oued. Au djebel Thameur (sud de Boussaada), des unités d'élite de l'armée coloniale, des régiments d'infanterie de marine commandés par le colonel Ducasse, au total 2 500 hommes, en embuscade, ont anéanti la colonne de 121 djounouds et leurs deux chefs. Il est comique -mais hautement instructif- de lire sous la plume de truchements du MALG -Ministère de l'armement et des liaisons générales du GPRA, la matrice de la Sécurité militaire, la SM qui tient encore l'Algérie dans ses serres-, que « l'accrochage » (sic) du djebel Thameur a eu lieu « de façon fortuite » (resic) ! Les 2500 marsouins du colonel Ducasse ne faisaient que passer par là... Nous verrons plus loin de quoi cette dénégation ridicule est le nom.

Pourquoi le chef kabyle a-il tenté ce voyage de tous les périls ? Voulait-il, comme certains l'ont soutenu, régler des comptes avec des gens du GPRA ? Voulait-il s'expliquer sur les épurations sanglantes qu'il menait dans les rangs de sa propre wilaya (la « bleuite ») ? Les seuls éléments qui permettent de faire une hypothèse raisonnable se trouvent dans la sacoche de documents de 'Amirouche, récupérée par l'armée française ; laquelle n'a levé le voile que sur les écrits concernant les épurations justement. On la comprend. On relève, dans la comptabilité macabre que tenait 'Amirouche, que 488 « traîtres » ont été liquidés par son comité d'épuration, co-présidé par Rachid Adjaout et Hacène Mahiouz -l'égorgeur en chef-, assistés de Hmimi Oufadhel et Mohand Oulhadj. Abdennour Ali-Yahya, défenseur autoproclamé des droits de l'homme et berbériste, avancera, quant à lui, le chiffre de 2812 suppliciés).

Cependant, un autre élément doit être évoqué ici qui peut permettre de jeter quelque lumière sur les motivations du voyage de 'Amirouche. Quelque temps auparavant, ce dernier avait pris une surprenante initiative, celle de convoquer une réunion des chefs de wilaya de sa propre initiative, ce qui était expressément interdit par une directive de l'ex-CCE. La réunion se tint quand même (décembre 1958, Oued Asker, wilaya 2) -ce qui en dit long sur le sens de la discipline générale et le respect des textes réglementaires. Y assistaient quatre colonels -'Amirouche (3), El Haouès (6), Bouguerra (4), Hadj Lakhdar (1)-, la wilaya 2 était représentée par le capitaine Lamine Khène ; quant à la 5, elle était absente. Dans le courrier qu'il avait envoyé à ses collègues, 'Amirouche les informait de la découverte d'un complot et ajoutait : « Grâce à Dieu, tout danger est maintenant écarté, car nous avons agi très rapidement et énergiquement. Dès les premiers indices, des mesures draconiennes étaient prises en même temps : arrêt du recrutement et contrôle des personnes déjà recrutées, arrestation des goumiers et soldats «ayant déserté», arrestation de toute personne en provenance d’autres willayas, arrestation de tous les djounoud originaires d’Alger, arrestation de tous les suspects, de toutes les personnes dénoncées de quelque grade qu’elles soient et interrogatoire énergique de ceux dont la situation ne paraissait pas très régulière… »

Manifestement, 'Amirouche voulait convaincre ses pairs -ainsi que le GPRA- de la réalité du complot dit de la « bleuite » et les inciter à prolonger l'épuration dans leur wilaya respective en dirigeant leurs soupçons, en priorité, vers les intellectuels, qualifiés de « traîtres ». Ce qui n'était pas exclusif d'autres points à débattre, comme le problème récurrent de l'armement. Et de fait, l'épuration s'étendra à toutes les autres wilayas, la 2 étant la moins touchée par le vent de folie sanguinaire qui compromit à jamais le destin des forces combattantes de l'intérieur et qui ouvrira, le moment venu, un boulevard devant l'armée des frontières et les planqués de Ghardimaou et d'Oujda.

Un mois après la mort de 'Amirouche et d'El Haouès, le 5 mai 1959, le chef de la wilaya 4 -M'hamed Bouguerra- recevait un appel de l'état-major sur son poste émetteur. Le chef entra dans une colère froide et décida de vider les lieux sur le champ. La raison ? L'état-major venait de contrevenir à la règle primordiale de vigilance en l'appelant, donc en le localisant au profit d'éventuelles oreilles indiscrètes. À la tête d'une petite colonne partie quelques heures après l'appel, Bouguerra se trouva face à l'armée coloniale. Il rebroussa chemin, espérant rattraper le gros de ses troupes et particulièrement les baroudeurs de la katiba Zoubiria. Il n'y réussit pas, son petit groupe fut promptement anéanti par l'armée ennemie.


Une année plus tard, le chef de la wilaya 5, le colonel Lotfi, en réunion préalable à celle du CNRA (décembre 59 – janvier 60, le Caire) s'en prenait violemment au triumvirat (les 3 B, Belkacem-Boussouf-Bentobbal) qui demandait rien moins que l'effacement du GPRA et des civils. Le CNRA ayant décidé que tous les chefs militaires devaient rentrer en Algérie, voici ce qu'en dit Ferhat Abbas : « Seuls exécutèrent cet ordre le colonel Ben Cherif, le colonel Lotfi et son suppléant, le commandant M’barek, enfin le commandant Zbiri. »


Avant de se mettre en route, Lotfi confiera à Ferhat Abbas : « Notre Algérie va échouer entre les mains des colonels, autant dire des analphabètes. J’ai observé, chez le plus grand nombre d’entre eux, une tendance aux méthodes fascistes. Ils rêvent tous d’être des Sultans au pouvoir absolu... Derrière leurs querelles, j’aperçois un grave danger pour l’Algérie indépendante. Ils n’ont aucune notion de la démocratie, de la liberté, de l’égalité entre les citoyens. Ils conservent du commandement qu’ils exercent le goût du pouvoir et de l’autoritarisme. Que deviendra l’Algérie entre leurs mains ? Il faut que tu fasses quelque chose pendant qu’il est encore temps. Notre peuple est menacé. » F. Abbas ajoute : « L’atmosphère au sein de la Délégation extérieure lui [Lotfi] faisait peur. Les luttes sourdes des colonels ne lui avaient pas échappé. Il en était épouvanté : J’aime mieux mourir dans le maquis que de vivre avec ces loups.» (In Ferhat Abbas ; Autopsie d'une guerre. Ed. Garnier).

Le général Jacquin (colonel commandant le Bureau des études et liaisons -BEL- à l'époque des faits) relate dans le détail comment il a mystifié les services du MALG. (cf lien ci-après) Mais ce qu'il se garde bien de dire c'est comment il a eu le renseignement capital selon lequel Lotfi s'apprêtait à rentrer en Algérie par la frontière ouest. (Personne ne peut sérieusement croire qu'il l'a obtenu, comme il le prétend, auprès d'une « porteuse de valise pas avare de ses charmes avec les dirigeants FLN » ; la perfidie est grotesque qui vise deux choses : 1) salir les porteurs de valise, ces Français qui se battaient aux côtés du peuple algérien ; 2) protéger sa vraie source. Laquelle ?) Lotfi a envoyé un premier message, bientôt suivi d'autres, depuis les confins maroco-sahariens à l'état-major avant de se mettre en route pour pénétrer en territoire algérien. L'armée coloniale prépara tranquillement son embuscade dans la région de Béchar, avec les légionnaires du 2ème REP et les marsouins du 8° RPIMA. Lotfi et son petit groupe ( 9 hommes en tout, pour ne pas attirer l'attention) furent massacrés ; mais les hommes de Jacquin avaient pour consigne de ne surtout pas tirer sur le dromadaire transportant le poste radio et de tenir secrète la mort de Lotfi. L'appareil radio allait servir, en effet, à une manipulation d'un haut niveau de sophistication (dont on peut lire le détail dans l'article de Jacquin). En gros et pendant des mois, les services du BEL ont berné le MALG en se faisant passer pour Lotfi.*


En août 1961, le chef de la wilaya 4 par intérim, le commandant Mohamed Djilali Bounaama, prend l'incompréhensible décision de passer un appel radio à l'état-major depuis les faubourgs de Blida. Ses trois hommes, abasourdis, tentèrent vainement de l'en dissuader. Parmi eux, se trouvait l'officier chiffreur communiste, Mohamed Téguia. Immédiatement repéré, le petit groupe, hébergé dans une ferme, est attaqué par un commando de parachutistes du 11° Choc, unité d'élite relevant des services spéciaux. Grièvement blessé et capturé, Mohamed Téguia, sera le seul rescapé.
(Notons que c'est ce même 11° Choc qui venait, un mois auparavant, de surprendre et d'anéantir la colonne de djounouds qui accompagnait le précédent chef de la wilaya 4, Salah Mohamed Zamoum, qui se rendait en Tunisie où il devait répondre devant le GPRA de son initiative d'engager des pourparlers avec le général De Gaulle, affaire dite « Si Salah »). 

Dans un témoignage sur cet événement, un ancien de la W4 du nom de Wissam, après avoir estimé que l'acte de Bounaama était irrationnel et incompréhensible de la part de quelqu'un d'aussi expérimenté, se reprend et avance l'hypothèse suivante : Bounaama était saisi de remords à propos de l'affaire Si Salah, dans laquelle il a trempé jusqu'au cou avant de se retourner contre ses compagnons. Wissam pense que Bounaama, consciemment ou non, était travaillé par un désir de mort. (Voilà, en tout cas, qui ne manque pas de finesse psychologique). **

Reprenons tous ces faits à la lumière de la polémique qui a suivi la parution du livre de Saïd Saadi sur la mort de 'Amirouche. Selon Saadi, 'Amirouche aurait été donné à l'armée française par Boumédiène et Boussouf. En effet, dit Saadi, 'Amirouche a reçu directement un message radio lui conseillant de changer son itinéraire pour la fameuse réunion de Tunis, car les transmissions radios ne sont pas sûres, disait le message qui émanait de Krim Belkacem. Saadi cite là le témoignage de Tahar Amirouchène, officier du staff de 'Amirouche. 
Ali Kafi (à l'époque chef de la wilaya 2) entre dans la danse et dément catégoriquement : selon lui, la chose est impossible car les messages adressés à la W.3 devaient transiter par lui (Kafi). 
Le président de l'association des anciens du MALG, Daho Ould Kablia intervient alors : 'Amirouche, dit-il, a, en fait, reçu trois messages de convocation à la réunion de Tunis; le premier par la voie de la wilaya 2 et deux autres par la wilaya 1. Pourquoi cela ? Parce que, dit Ould Kablia, la wilaya 3 n'avait plus de poste émetteur, l'un des deux étant en panne, l'autre ayant explosé en tuant les deux opérateurs et en manquant tuer Mohand Oulhaj qui se trouvait à proximité. (Certains officiers de la W3 accuseront d'ailleurs l'égorgeur en chef -le commandant Hacène Mahiouz- d'être derrière l'attentat qui aurait visé précisément Mohand Oulhaj). Ould Kablia prétend que c'est la batterie, défectueuse, qui a explosé. Ce que personne ne peut croire.
Pour ajouter plus de clarté obscure au débat, Ould Kablia précise que les messages devaient normalement être adressés par le Commandement Opérationnel Militaire (COM) Est dont relevaient les wilayas 1,2,3 et par le COM Ouest dont relevaient les wilayas 4,5,6, mais qu'il ne pouvait affirmer que les messages du COM Ouest étaient bien partis (sic) ! Comprenne qui pourra. S'agissant de Bouguerra, Ould Kablia dira que, de toute façon, il avait d'autres chats à fouetter : sa wilaya grouillait de soldats ennemis qui s'apprêtaient à lancer l'opération « Courroie » et Bouguerra avait donné ordre de réduire au silence le poste radio émetteur, ajoute Ould Kablia. Ce qu'il ne dit pas, mais que disent les anciens de la W. 4, c'est que l'un des deux COM -logiquement celui de l'ouest, mais allez savoir !- a appelé Bouguerra et l'a ainsi fait repérer.

Ce qui apparaît clairement à travers tous ces faits, c'est que les combattants de l'intérieur se méfiaient des transmissions radio. Cela pour dire le moins. À ce titre, voici une révélation relativement récente que tout un chacun pourra lire sur le site algeria watch où s'expriment toutes les tendances de l'opposition au pouvoir, y compris des transfuges de la SM. Elle parle de l'achat par le MALG, auprès d'une compagnie allemande (Telefunken), d'une importante quantité de postes émetteurs récepteurs de type ANGCR 9, afin d'en doter les wilayas. Or, l'auteur de l'article prétend que ces postes comportaient une fonction cachée qui indiquait la position de l'émetteur dans l'espace. Il ajoute que c'est à la suite de pressions et de menaces françaises que Telefunken s'est exécutée et a posé ces mouchards dans ses appareils. À ceux que l'information semblerait « tirée par les cheveux », qu'ils méditent cette autre : ces jours derniers, la société allemande Siemens a été accusée par les responsables iraniens d'avoir fourni aux sionistes et aux yankees le code des centrifugeuses qu'elle avait vendues à l'Iran (dans le cadre de son programme nucléaire). Disposant des codes, les deux acolytes ont mis au point et propagé le virus informatique Stuxnet qui a, entre autres, endommagé les centrifugeuses iraniennes.


Relisons maintenant la pathétique lettre ouverte de 'Amirouche au grand criminel qu'était le colonel Godard, celui-là même dont les services avaient piégé le chef kabyle pour le conduire à la folie sanguinaire de la bleuite : « Au lieu d’aller combattre loyalement les vrais Moudjahidines, vous, Godard, qui prétendez être officier... vous avez préféré travailler dans l’ombre ... vous avez renié votre métier de combattant pour embrasser la profession de flic... oui, colonel Godard, vous étiez né, élevé et grandi dans l’amour patriotique d’une nation civilisée et même civilisatrice... Vous venez de ravaler votre honneur à celui d’un simple mouchard au service d’une poignée de colonialistes... Mais vous, colonel Godard, que venez-vous faire dans cette galerie « d’ultras rebelles » à votre patrie même, vous Qui êtes né et élevé dans les principes de la révolution de 1789, vous souillez l’honneur d’une carrière déjà belle. »

On appréciera la déférence, pour le moins déplacée, dans cet aveu par 'Amirouche qu'il s'est bel et bien fait rouler dans une farine sanglante. Le capitaine Léger, celui qui avait monté toute l'opération, eut cette réponse en forme de coup de pied de l'âne: «Certaines bonnes âmes, sans doute dans le regret des grandes chevauchées et des combats ardents sous le soleil, prétendront que c’est là une guerre souterraine indigne de guerriers. Je pense personnellement que si l’ennemi a des dispositions particulières pour se détruire lui-même, bien coupable serait celui qui n’en profiterait pas ! ». L'arrogance et la condescendance du ton ne doivent pas occulter l'implacable justesse du jugement.

Et puisque nous y sommes, rappelons ce que disent des anciens de la wilaya 4 : ce serait Mourad Oussedik qui aurait inventé le principe de base de la bleuite. En effet, le commandant politique de la W.4 lestait les cadavres de djounouds morts au combat de petits bouts de papiers en forme de reçus attestant que telle personne avait fait tel don à l'ALN (argent, pataugas, médicaments...). Or les personnes visées étaient toutes connues pour être des « collabos » de l'armée française. Le but était évidemment de les faire passer pour des individus fourbes tenant un double langage et de les exposer ainsi à la terrible vengeance de l'armée coloniale.

Azzedine Rabah Zerrari, de son côté, a souvent raconté comment il procédait pour compromettre une dechra aux yeux de l'armée coloniale, la livrant ainsi à la destruction et à la mort. Quand on utilise de tels procédés, il ne faut pas s'étonner que l'ennemi vous les renvoie dans les gencives avec plus de perfidie et de sophistication encore, car « Les crimes de l’extrême civilisation sont certainement plus atroces que ceux de l’extrême barbarie, par le fait de leur raffinement, de la corruption qu’ils supposent, et de leur degré supérieur d’intellectualité. », comme disait très justement Barbey d'Aurevilly.

Tout cela est rappelé simplement pour dire aux Algériens que ceux qui tiennent encore le pays dans leurs serres et qui se gargarisent de faits de gloire imaginaires, ont été incapables de protéger les combattants de l'intérieur, de les prémunir contre les coups tordus de l'ennemi (à ce titre, la bleuite et ses massacres d'innocents, suffisent à déconsidérer tous ceux qui sont tombés dans son piège) et de les fournir en armements comme c'était leur raison d'être, inscrite dans leur raison sociale même.

Le pays n'est redevable en rien à ceux qui le frustreront immédiatement de sa victoire et de sa liberté au lendemain de l'indépendance. Le pays s'est libéré de lui-même quand le peuple est sorti dans les rues en ces jours extraordinaires de décembre 1960, rappelant en passant aux barbouzes françaises que leur science de la ruse est inopérante contre lui et rappelant à tout le monde cette vérité que ce sont les masses qui font l'histoire.



*Article du général Jacquin, icihttp://guerredalgerie.pagesperso-orange.fr/Lotfi.html

** Les lecteurs désireux de se faire une idée plus précise des drames de l'ALN liés à ce fameux poste de transmission, devraient impérativement se reporter aux mémoires du commandant Lakhdar Bouregaa, baroudeur de la wilaya 4 de 1956 à 1962. C'est ici : http://wilaya4.chez.com/livre_bouragaa/une_livre.htm

Le titre de cet article est inspiré de "REGARDE LES HOMMES TOMBER", un film de Jacques Audiard

     
    



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