- Source : bernardlugan.blogspot.fr
La
visite que le Premier ministre français, M. Manuel Valls, vient
d’effectuer à Alger, fut l’occasion de constater ce que les
lecteurs de l’Afrique
Réelle n’ignoraient
pas, à savoir que l’Algérie est « dirigée »
par un président moribond.
Depuis
son accident vasculaire cérébral survenu le 27 avril 2013,
Abdelaziz Bouteflika, paralysé, sourd et quasiment muet, n’apparaît
plus en public que très rarement, et sur un fauteuil roulant. Ses
trois frères, sa sœur – tous quatre conseillers à la présidence
–, et leurs affidés, savent qu’ils vont vivre des moments
difficiles dans les heures qui suivront son trépas. Il ne doit donc
pas mourir tant que les clans qui, dans l’ombre, dirigent
l’Algérie, ne seront pas parvenus à un accord permettant une
succession contrôlée.
Acculée,
l’équipe au pouvoir a épuré l’armée au profit du général
Ahmed Gaïd Salah, chef d’État-major et vice-ministre de la
Défense. Est-ce pour autant un gage de survie ? Il est permis
d’en douter car, lesquels parmi les généraux, notamment chez les
nouvellement promus, voudront en effet apparaître liés aux
profiteurs du régime quand la rue grondera dans un dramatique
contexte économique et social aggravé par l’effondrement du prix
des hydrocarbures [1] ?
L’Odjak des janissaires [2]
pourrait alors être tenté de se refaire une « vertu »
à bon compte en donnant au peuple la tête de Saïd Bouteflika et
celles de ses proches, avant de placer l’un des siens aux
commandes.
En
Algérie, l’agonie présidentielle avec les mensonges et les
tractations qui l’entourent, est ressentie comme une humiliation
nationale. De plus en plus nombreux sont donc ceux qui demandent
l’application de l’article 88 de la Constitution qui permet de
constater la vacance du pouvoir. Pour l’entourage du président
Bouteflika, la situation est donc devenue intenable.
Quant
à la France, sorte de vaisseau ivre tanguant entre repentance et
ethno-masochisme, son président a soutenu l’aberrant quatrième
mandat d’un Bouteflika grabataire, espérant ainsi acheter la paix
sociale dans les banlieues. Cette mise en dhimmitude mentale ne
l’empêchera cependant pas de subir directement les conséquences
des évènements majeurs qui risquent de se produire bientôt en
Algérie. Peut-être même à court terme.
Bernard
Lugan
le
13 avril 2016
Notes
[1]
Voir à ce sujet les dossiers consacrés à cette question dans les
numéros de mai, de juillet, d’août et d’octobre 2015 ainsi que
les numéros de l’année 2016 de l’Afrique Réelle
[2]
Commandement des Janissaires. Lire ici l’État-major de l’armée
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